Pourquoi les taux de rendement des obligations gouvernementales ont-ils augmenté partout dans le monde?
Depuis que les marchés ont repris le chemin du risque après l’accès de volatilité survenu au début du mois d’avril, les taux de rendement des obligations du secteur public ont augmenté dans le monde entier. Nous nous penchons sur les indices portant à croire que cette récente flambée serait transitoire et nous étudions l’attrait actuel des titres à revenu fixe par rapport à d’autres actifs sur une base corrigée au risque.

Qu’est-ce qui a poussé les taux de rendement obligataires mondiaux à la hausse?
Les marchés mondiaux ont connu une grande volatilité en 2025. Les investisseurs ont redoublé de prudence en début d’année, ce qui a pesé sur le cours de certains éléments d’actif comme les actions et les cryptomonnaies. Un tournant a toutefois été marqué le 8 avril, alors que les manchettes relatives aux droits de douane adoptaient un ton plus positif, ce qui a incité à la confiance et fait remonter les cours. Du côté des titres à revenu fixe, le taux de rendement des billets du Trésor américain à 10 ans avait débuté l’année à 4,57 % avant de chuter à un creux de 4,01 % le 4 avril. Cependant, en quelques semaines à peine, il a repris du terrain jusqu’à atteindre son niveau du début de l’année, soit 4,58 % en fin de séance le 21 mai.
Alors que les hypothèses abondent pour tenter d’expliquer ce qui mine les marchés obligataires, peu de données viennent les étayer. Nous sommes d’avis que la meilleure explication réside dans le fait que les marchés sont passés outre les risques économiques et fondamentaux pour se mettre à la recherche de rendements dans des segments de marché jouissant d’un bon élan tels que les bitcoins et les actions européennes. Tout bien considéré, malgré l’omniprésence d’opinions négatives à l’égard des obligations cette année, cette catégorie d’actif est demeurée relativement stable.
Perspectives quant aux hypothèses qui circulent au sujet de la hausse des taux obligataires
Voici d’autres commentaires sur la récente hausse des taux de rendement obligataires et notre point de vue sur le fait que ces catalyseurs ne sont peut-être pas aussi alarmants que le pensent bon nombre d’investisseurs :
- Les taux de rendement des valeurs du Trésor augmentent parce que les acheteurs étrangers comme la Chine vendent. – Le phénomène ne s’observe pas qu’aux États-Unis; dernièrement, les taux de rendement des obligations gouvernementales d’autres marchés clés comme le Royaume-Uni et le Japon ont suivi le même mouvement. Tout récemment, la Chine détenait environ 760 milliards de dollars en valeurs du Trésor américain, soit moins de 2 % de la dette totale des États-Unis, qui s’élève à 36 000 milliards de dollars. D’ailleurs, les données provenant du département du Trésor américain n’ont pas encore montré de diminution récente du nombre de détenteurs étrangers de ces valeurs. Au contraire, compte tenu de la récente hausse des taux de rendement, les titres du Trésor nous semblent avoir plus d’attrait actuellement.
- Les taux de rendement des valeurs du Trésor augmentent en raison du déficit du gouvernement américain. – La hausse des taux de rendement est survenue par suite du peu d’engouement démontré par les investisseurs lors de l’adjudication des obligations à 20 ans du Trésor américain le 21 mai. Cela dit, depuis l’an 2000 environ, il existe une faible corrélation entre les taux de rendement des titres du Trésor et les dépenses publiques en pourcentage du PIB; les dépenses ayant augmenté au cours des 25 dernières années, alors les taux ont, pour leur part, généralement baissé. Certains diront que 2025 sera l’année où cette faible corrélation changera. À notre avis, les baisses d’impôt anticipées provoquent une réévaluation de la courbe de rendement du Trésor, puisque davantage de mesures budgétaires (sous la forme de baisses d’impôt) entraîneront moins d’interventions sur le plan de la politique monétaire (soit moins de réductions des taux d’intérêt de la part de la Réserve fédérale américaine). En date du 21 mai, le marché obligataire ne prévoyait que deux baisses de taux cette année, contre quatre il y a un peu plus d’un mois. Les politiques gouvernementales sont imprévisibles de nature. Bien que les baisses d’impôt proposées par l’administration Trump puissent être finalement adoptées, il nous semble qu’elles ne contribueront que modestement à la croissance dans un premier temps.
- Dans un climat poussant à la vente des titres américains, il est préférable de se tourner vers les obligations européennes. – Le taux de rendement des obligations britanniques ont récemment suivi la même tendance, de sorte que les obligations américaines n’ont pas été les seules à faire l’objet de pressions de vente. Si les obligations européennes ont surclassé dans l’ensemble leurs homologues américaines cette année, c’est probablement en raison du récent recul de l’inflation au Royaume-Uni et des baisses de taux de la Banque centrale européenne. Les taux obligataires européens ont récemment été inférieurs à la moitié de ceux des valeurs du Trésor d’échéance équivalente, ce qui laisse présager un moindre potentiel de revenu. Une dissociation peut être constatée entre le dollar américain et le différentiel de taux d’intérêt, le dollar s’étant affaibli par rapport aux autres devises alors que les taux ont remonté. Il y a fort à parier que cette évolution inhabituelle est symptomatique de la récente propension des investisseurs à se départir des titres des États-Unis. Comme toute tendance, celle-ci pourrait néanmoins s’inverser rapidement, ce qui entraînerait une reprise et représenterait une source de valeur potentielle pour les investisseurs.
En ce qui concerne ces récits sur la récente hausse des taux de rendements obligataires mondiaux, nous pensons que les marchés mondiaux ont suivi la dynamique et la confiance du moment plutôt que de s’aligner sur les tendances macroéconomiques ou sur les données fondamentales. Aussi désagréable qu’ait pu être cette hausse pour les investisseurs détenant des titres à revenu fixe, nous maintenons qu’elle finira par atteindre un sommet (le taux de rendement des valeurs du Trésor à 10 ans atteignant une barrière entre 4,60 % et 4,80 %) avant de repartir à la baisse. Un tel scénario pourrait donner lieu à de nouvelles occasions d’achat intéressantes.
Facteurs influençant les perspectives actuelles en matière de revenu fixe
Voici quelques faits qui nous incitent à penser que la récente hausse des taux obligataires pourrait se résorber d’elle-même.
- Alors que l’immobilier est déjà au pied du mur, les taux hypothécaires pourraient encore grimper. – Le marché immobilier américain est confronté à de nombreuses contraintes. En mai, l’indice National Association of Homebuilders/Wells Fargo Housing Market Index, mesurant le marché immobilier américain, a chuté à son niveau le plus bas depuis novembre 2023, reflétant un déclin de confiance mesuré par un sondage auprès des constructeurs. Le nombre de propriétés activement mises en vente vient d’atteindre son niveau le plus élevé depuis 2020, les augmentations les plus marquées s’observant dans des régions critiques comme la Floride. À l’échelle nationale, le taux hypothécaire moyen sur 30 ans est récemment repassé au-dessus des 7 %, et il faut généralement du temps pour qu’une hausse des taux hypothécaires se répercute sur l’ensemble de l’économie. Alors que seulement 4 % des prêts hypothécaires étaient assortis d’un taux d’intérêt supérieur à 6 % en 2022, cette proportion est depuis passée à 20 % et a augmenté récemment. Le logement est l’un des principaux indicateurs économiques précurseurs, qui a tendance à avoir une influence considérable sur l’inflation. Aux États-Unis, l’imputation d’un loyer équivalent est la composante la plus importante de l’indice des prix à la consommation (IPC), dans lequel elle compte pour près de 25 %. La hausse des taux de rendement des valeurs du Trésor se traduit par une augmentation des coûts d’emprunt pour les consommateurs, tant pour les prêts hypothécaires, que pour les prêts automobiles ou les cartes de crédit. Elle accroît également les coûts d’emprunt pour les entreprises et les gouvernements. Cela tend à créer un climat de resserrement dans l’ensemble de l’économie, susceptible de peser sur la croissance et l’inflation, puis de mener à d’éventuels allégements monétaires au fil du temps. Nous sommes d’avis que l’inflation continuera d’être freinée par le ralentissement de la composante « logement » de l’IPC.
La confiance des constructeurs d’habitations est tombée à son point le plus bas depuis la fin 2023
Niveaux de l’indice National Association of Homebuilders/Wells Fargo Housing Market Index, mesurant le marché immobilier, entre janvier 2023 et mai 2025
- Les actions ne raffolent pas non plus des taux élevés. – Le taux de rendement des obligations du Trésor à 10 ans ayant récemment dépassé les 4,50 %, les marchés des actions ont déjà commencé à le refléter, puisqu’un coût élevé des capitaux propres n’apporte généralement rien de bon pour les actions. Le secteur financier et les banques régionales en ont particulièrement ressenti les effets en raison de leur sensibilité aux taux d’intérêt. La pression exercée peut également s’étendre aux segments de marché tels que celui des actions de sociétés à petite capitalisation, qui ont une dépendance relative aux banques régionales. Ce ne serait pas la première fois que les banques régionales sont mises sous pression par une augmentation des taux de rendement des obligations gouvernementales; cela s’est déjà produit en 2023. Ce type de contrainte incite généralement les investisseurs à opter pour des placements moins risqués, ce qui alimente normalement la demande pour les valeurs du Trésor à risque relativement faible.
L’équation actuelle pour les porteurs de titres à revenu fixe
Bien que ces dynamiques se résorbent habituellement d’elles-mêmes au fil du temps, la confiance et l’élan ressentis semblent être des forces puissantes pour le moment. Les excluant et se concentrant sur les données mathématiques qui sous-tendent actuellement le marché obligataire, l’indice obligataire Bloomberg U.S. Aggregate a généré un rendement d’environ 4,87 % au 21 mai, alors que la durée est tombée à 5,97 ans.1 Les données ci-dessous montrent le rendement potentiel total de l’indice sur 12 mois, sur la base des chiffres à compter du 21 mai (pour les taux de rendement et la durée), selon différents scénarios hypothétiques futurs quant au taux de rendement des obligations du Trésor à 10 ans.
Compte tenu du taux de rendement initial et de la durée, le taux de rendement à 10 ans devra dépasser 5,25 % pour générer un rendement total négatif au cours des 12 prochains mois. Inversement, il devra baisser jusqu’à atteindre 4,00 % pour afficher un rendement total tout juste sous les 10 % sur 12 mois. Nous estimons que les valeurs du Trésor à 10 ans sont encore susceptibles de demeurer dans cette fourchette et, comme les taux obligataires pourraient remonter vers le haut de cette cible, les titres à 10 ans offrent un potentiel de rendement total convaincant et un ratio risque-rendement favorable. Pour les investisseurs qui envisagent ces répartitions sur la base de l’année civile, comme le taux de rendement à 10 ans a commencé l’année à 4,57 %, l’équation pourrait s’avérer similaire pour l’ensemble de 2025.
Ce qui nous porte à croire que les calculs d’aujourd’hui favorisent les obligations de haute qualité
Bien que les marchés aient généralement connu une forte volatilité au début de 2025, un tel environnement peut recéler bien des occasions. Le récent rebond des actifs à risque, des actions au bitcoin, n’a laissé que peu de valeur sur les marchés aux cours actuels, selon nous, et montre qu’actuellement, les marchés ne semblent pas se soucier beaucoup de la valeur. Depuis le début de l’année, le segment des actions américaines qui a connu le meilleur rendement est celui des sociétés affichant une belle lancée, un facteur non fondamental souvent associé à un fort appétit pour la prise de risque. Entre-temps, le ratio cours-bénéfice prévisionnel de l’indice S&P 500 est repassé au-dessus de 211 et les actions européennes ont récemment grimpé, même si les bénéfices sont restés anémiques. En considérant l’ensemble des catégories d’actif, nous estimons que les titres à haut risque ont récemment commencé à paraître surévalués, tandis que les obligations sont devenues plus attrayantes, en particulier sur une base corrigée au risque.
1 Factset, au 21 mai 2025.
Renseignements importants
L’indice agrégé des obligations américaines Bloomberg suit le rendement des obligations américaines de première qualité sur les marchés des titres d’État, des titres adossés à des actifs et des titres de créance de sociétés. L’indice S&P 500 suit le rendement de 500 des plus grandes sociétés aux États-Unis. Il n’est pas possible d’investir directement dans un indice.
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