Pétrole et marché haussier au Canada

Mon fils travaille sur un projet d’histoire dans le cadre duquel il doit répondre à la question suivante : « L’assassinat de l’archiduc François-Ferdinand d’Autriche a-t-il été une cause ou un déclencheur de la Première Guerre mondiale? » Je me souviens à peine de ce que j’ai appris sur la Première Guerre mondiale, alors quand on m’a demandé mon avis, j’ai donné l’unique et seule réponse possible : « Je n’en ai aucune idée, mais c’est une question intéressante. » 

Soyons francs : nous ne nous prononcerons pas sur les répercussions géopolitiques des événements de la fin de semaine dernière et laisserons ceux qui comprennent mieux la relation fragile entre les États-Unis et l’Iran le faire. En vérité, nous n’en avons aucune idée et il serait malhonnête de prétendre le contraire. Ce que nous pouvons faire, c’est de mesurer l’éventuelle incidence sur les catégories d’actif que nous connaissons mieux. Autrement dit, concentrons-nous à trouver les éventuelles occasions de placement. C’est pourquoi nous croyons que le marché boursier canadien et le huard pourraient profiter du contexte actuel grâce à l’appréciation accrue des prix du pétrole.

Comme nous l’avons souligné dans nos « Vingt graphiques pour 2020 », les prix du pétrole brut fluctuent en fonction des données fondamentales de l’offre et de la demande (nous y reviendrons plus loin), mais aussi en fonction d’un positionnement spéculatif. Depuis la mi-octobre, les vendeurs à découvert se sont empressés de couvrir leurs positions, faisant en sorte que les positions vendeur ont atteint leur plus bas niveau en 10 ans. Les positions acheteur ont commencé à s’apprécier en décembre, soit bien avant le bulletin de nouvelles de la fin de semaine. Nous ne pouvons que présumer que la hausse des prix du pétrole se poursuivra durant les prochaines semaines, à mesure que les tensions s’intensifieront. Si, comme nous le pensons, la vente des positions courtes et l’accumulation des positions longues se poursuivent, nous prévoyons que le prix du pétrole brut continuera de grimper. Avant la récente décision, l’opinion générale était que le prix du brut (WTI ou Brent) ne tenait pas compte du risque géopolitique. Par conséquent, si notre thèse est valable, un prix de 70 $ US le baril pour le WTI est tout à fait conforme aux attentes raisonnables.

Le graphique montre les intérêts spéculatifs nets des options pétrolières par rapport aux prix du pétrole. Les deux lignes tendent à se suivre. Si les spéculateurs achètent plus de positions longues, on peut présumer qu’ils sont optimistes à l’égard des prix du pétrole, ce qui fait généralement augmenter ces derniers. L’inverse est également vrai. Si les spéculateurs achètent plus de positions courtes, on peut présumer qu’ils sont pessimistes à l’égard des prix du pétrole, ce qui fait généralement baisser ces derniers. À l’heure actuelle, les positions longues augmentent – elles atteignent près de 600 000 – et le prix du pétrole, tel qu’il est mesuré par le West Texas Intermediate, a franchi la barre des 60 $.

Les données fondamentales de l’offre et de la demande, selon lesquelles nous sommes en situation de déficit de l’offre, indiquent aussi la possibilité d’une augmentation accrue des prix du pétrole. Or, les tensions géopolitiques qui s’intensifient au Moyen-Orient (et le fait que cette région est la principale productrice de pétrole) ne nous portent pas à croire que l’offre s’appréciera. Si l’on se fie aux dires des économistes, les prix sont fonction de l’offre et de la demande. Si l’offre continue de diminuer, les prix devraient augmenter.

Le graphique montre la différence entre l’offre et la demande de pétrole à l’échelle mondiale et la moyenne mobile sur 12 mois. Actuellement, l’offre de pétrole accuse un déficit et la moyenne mobile sur 12 mois est proche de zéro, ou de l’équilibre entre l’offre et la demande, mais elle est en baisse depuis le début de 2019.

La possibilité d’une hausse des prix du brut pourrait avoir quelques conséquences sur les marchés des actions et des devises. Tout d’abord, un pétrole brut plus cher a tendance à se traduire par une hausse des bénéfices des sociétés qui composent l’indice composé S&P/TSX. Cette corrélation n’est pas aussi importante que celle qui existe entre les contrats à terme sur le pétrole brut et les prix; toutefois, une augmentation du prix du baril de pétrole, toutes autres choses étant égales par ailleurs, devrait alimenter les bénéfices des sociétés de l’indice S&P/TSX. Un pétrole brut (WTI) à 65 $ US le baril – soit une estimation prudente – pourrait bien permettre aux sociétés de l’indice composé S&P/TSX de faire croître leurs bénéfices tout au long de 2020.

Le graphique montre la croissance des bénéfices des sociétés de l’indice S&P/TSX sur 12 mois par rapport au prix du pétrole, mesuré par le West Texas Intermediate, selon un décalage de 3 mois. Cela signifie que la croissance des bénéfices des sociétés sur 12 mois en décembre 2019 serait en fait influencée par la variation des prix du pétrole sur 12 mois de septembre 2019. La croissance des bénéfices des sociétés a été inhabituellement forte en 2019, malgré la faiblesse de la variation des prix du pétrole sur 12 mois. La partie ombragée en bleu illustre l’estimation de la variation sur 12 mois des prix du pétrole pour les 12 prochains mois, si le prix du pétrole était de 65 $. Si le prix du pétrole atteint 65 $ durant les 12 prochains mois, la croissance des bénéfices des sociétés devrait être forte.

Enfin, en décembre, nous avons parlé du risque d’asymétrie du taux de change $ CA/$ US. Nous réitérons notre opinion selon laquelle le risque qui pèse sur le dollar canadien par rapport au dollar américain est en grande partie lié à une hausse. Notre modèle de juste valeur suggère que le dollar canadien devrait se négocier beaucoup plus près de 0,82 $ US (1,21 $ CA) en ce qui concerne les taux d’intérêt et les prix du brut. La seule explication pour la valeur actuelle du huard serait une réduction de 50 pb par la Banque du Canada. Nous ne pensons pas que cela se produira à court terme (de 3 à 6 mois) étant donné les récents commentaires formulés par les représentants de la Banque. Même si la Banque du Canada réduisait son taux de 50 pb durant le premier semestre, notre modèle suppose, selon les prix actuels du pétrole, que le taux de change $ CA/$ US serait d’environ 0,76 $ US (1,31 $ CA), soit une baisse d’environ 1 % par rapport au niveau actuel. Le risque le plus important réside dans l’appréciation du huard.

Globalement, il semble que le contexte actuel soit favorable aux actifs canadiens.

Le graphique montre notre modèle de juste valeur pour le taux de change $ CA/$ US en fonction des prix du pétrole ainsi que notre modèle de juste valeur pour le taux de change $ CA/$ US en fonction de la différence entre les taux des obligations canadiennes et américaines à deux ans et le taux de change $ CA/$ US réel. Exceptionnellement, les deux modèles de juste valeur suggèrent une appréciation du taux de change $ CA/$ US. Nos modèles de juste valeur suggèrent que le dollar canadien devrait se négocier beaucoup plus près de 0,82 $ US (1,21 $ CA) en ce qui concerne les taux d’intérêt et les prix du brut.

Philip Petursson, stratège en chef des placements, Gestion de placements Manuvie

L’augmentation des taux d’intérêt entraîne généralement la diminution des cours obligataires. Plus la durée moyenne des obligations détenues dans un fonds est longue, plus le fonds risque d’être sensible aux fluctuations des taux d’intérêt. Le rendement d’un fonds fluctue en fonction de la variation des taux d’intérêt.

Le risque de change s’entend du risque que la fluctuation des taux de change ait un effet négatif sur la valeur des placements détenus dans un fonds.

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Kevin Headland, CIM

Kevin Headland, CIM, 

Co-stratège en chef des placements

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Macan Nia, CFA

Macan Nia, CFA, 

Co-stratège en chef des placements

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