Les occasions sur les marchés émergents (partie 2) – Les marchés émergents ne ressemblent plus à ceux que vos parents ont connus

Les investisseurs canadiens pourraient être en train de rater une occasion de placement. Au cours des dernières décennies, l’Asie s’est imposée comme un pilier de l’ordre économique mondial, et bon nombre de Canadiens n’en tirent pas profit. Une analyse des fonds communs de placement équilibrés canadiens, des fonds négociés en bourse (FNB) et des portefeuilles de conseillers-robots réalisée par The Globe and Mail a révélé que la pondération moyenne des actions internationales s’élevait à 25 %1. En outre, comme l’indice MSCI EAEO (l’indice de référence des actions internationales) est dominé par l’Europe et le Royaume-Uni, on peut s’attendre à ce que la portion occupée par les marchés émergents dans un portefeuille soit encore plus petite.

Bien que les marchés émergents aient été surtout négligés par les investisseurs canadiens, l’exposition à cette catégorie d’actif dans le portefeuille d’un investisseur est susceptible, à notre avis, d’accroître les avantages liés à la diversification ainsi que les rendements à long terme. Elle ne devrait pas être considérée comme un placement « spécialisé » ou un « échange de positions ». En réalité, les marchés émergents asiatiques forment une région du monde en plein essor qui, selon nous, ne fera que s’affirmer davantage sur le plan économique au cours des prochaines années.

Voici le deuxième billet d’une série en trois parties (1. « Données démographiques », 2. « Les marchés émergents ne ressemblent plus à ceux que vos parents ont connus » et 3. « Les occasions de placement d’aujourd’hui »), dans laquelle nous discutons des facteurs déterminants dont la région bénéficie et de l’importance d’investir dans cette catégorie d’actif dynamique, qui évolue rapidement et qui connaîtra l’une des plus fortes croissances à l’échelle mondiale.

Au cours des deux dernières décennies, l’Occident a perdu le quasi-monopole des sièges sociaux des grandes entreprises. Il y a 20 ans, le palmarès Fortune Global 500 – lequel classe les plus grandes sociétés selon leur chiffre d’affaires – était dominé à 70 % par des entreprises américaines et européennes, et il ne comptait que 30 % de sociétés asiatiques. Aujourd’hui, les sociétés des deux groupes y sont représentées pratiquement à parts égales, les sociétés asiatiques comptant pour 45 % et les sociétés américaines et européennes, pour 50 %.

En outre, en Asie et au Japon, la domination du marché s’est déplacée géographiquement. Auparavant génératrices des chiffres d’affaires les plus élevés de la région, les sociétés nipponnes représentaient un peu plus de 20 % du Fortune Global 500, contre seulement 2 % pour leurs homologues chinoises. À l’heure actuelle, le Japon compte pour seulement 10 % de ce palmarès, tandis que la représentation de la Chine, passée de 2 % à 25 %, a augmenté de façon vertigineuse.  Les changements structuraux positifs à long terme ont profité aux sociétés asiatiques et permettront aux entreprises de la région de prospérer au cours des prochaines décennies.

Historique régional des sociétés du Global 500

Ce graphique compare la répartition régionale des sociétés faisant partie du Fortune Global 500, illustrant la variation entre 2000, 2010 et 2020. Il montre clairement l’ascension des marchés asiatiques durant la période, en particulier de la Chine.

Source : https://fortune.com/global500/, au 31 décembre 2020

Par le passé, les sociétés des marchés émergents asiatiques n’étaient pas connues en Amérique du Nord. Bien que bon nombre d’entre elles restent méconnues, il est impossible de vivre son quotidien sans utiliser l’un des multiples produits provenant de l’Asie. Le tableau ci-dessous présente les plus grandes sociétés de l’indice MSCI Marchés émergents en fonction de la capitalisation boursière.

Contrairement à autrefois, les plus grandes sociétés d’Asie sont reconnues à l’échelle mondiale.

10 principales pondérations de l’indice MSCI Marchés émergents

Société

Pays

Capitalisation boursière (G$ US)

Pondération dans l’indice Secteur

Taiwan Semiconductor

Taïwan

507 6.3 Tech. de l’information

Tencent

Chine

451 5.6 Services de communications
Alibaba Chine 429 5.3 Consommation discrétionnaire
Samsung Corée du Sud 344 4.3 Tech. de l’information
Meituan Chine 138 1.7 Consommation discrétionnaire
Naspers Afrique du Sud 104 1.3 Consommation discrétionnaire
China Construction Bank Chine 81 1.0 Services financiers
Reliance Industries Inde 78 1.0 Énergie
JD.com Chine 73 0.9 Consommation discrétionnaire
Ping Insurance Chine 71 0.9 Services financiers

Source : MSCI, mars 2021.

La société la plus fortement pondérée au sein de l’indice dans son ensemble est Taiwan Semiconductor (TPE: NT). Cette dernière est le plus grand fabricant de semi-conducteurs au monde. Les semi-conducteurs, faits à base de silicone, sont partout; on les retrouve dans les téléviseurs, les appareils médicaux, les téléphones cellulaires, les ordinateurs et les voitures. Taiwan Semiconductor accapare près de 50 % du marché mondial des semi-conducteurs. Dans une voiture, plus de 50 composantes nécessitent un semi-conducteur, notamment le contrôle du positionnement des sièges, l’éclairage intérieur, le système de surveillance de la pression des pneus, le déverrouillage des portières à distance et l’affichage tête haute, pour n’en nommer que quelques-unes. Les appareils alimentés par des puces en silicone ne prendront que plus d’importance dans nos vies, et Taiwan Semiconductor est bien positionnée pour en profiter.

Tencent est une autre société dont vous n’avez peut-être jamais entendu parler, mais dont vous connaissez sans doute les produits. Société technologique de plusieurs milliards de dollars, elle a la capacité d’atteindre des milliards de personnes à l’échelle mondiale. Son application de messagerie, WeChat, compte plus d’un milliard d’utilisateurs en Chine et ailleurs dans le monde. Mais il s’agit bien plus que d’une simple application de messagerie; imaginez plutôt un système d’exploitation à l’aide duquel quiconque peut lire l’actualité, payer des factures, commander de la nourriture ou gérer les activités d’une petite entreprise.

Tencent est également le troisième plus grand éditeur de jeux vidéo au monde. Elle détient une participation dans les deux jeux de style Battle Royale les plus populaires, soit Fortnite et PlayerUnknown’s Battlegrounds (PubG). Selon les données d’IDC, le chiffre d’affaires de l’industrie mondiale du jeu vidéo devrait se chiffrer à environ 180 milliards de dollars en 2020. Cette dernière est donc plus lucrative que l’industrie mondiale du cinéma et l’industrie nord-américaine des sports combinées. Le public cible des jeux vidéo change et Tencent est en position pour profiter de cette tendance.

Nio, la version chinoise de Tesla, est une autre de ces sociétés. En Chine, les prix des véhicules électriques sont en voie d’atteindre la parité avec ceux des voitures à combustibles fossiles d’ici les quatre à six prochaines années. Selon BloombergNEF, les ventes de véhicules électriques devraient ainsi atteindre 25 millions d’unités en 2030, comparativement à 2 millions à l’heure actuelle. D’ici 2030, les trois pays qui domineront ce marché seront la Chine, les États-Unis et l’Inde. Ces trois nations devraient être responsables de 60 % des ventes de véhicules à l’échelle mondiale, et Nio, ainsi que d’autres marques de véhicules électriques des marchés émergents, est bien placée pour profiter du changement générationnel.

Sur le plan de la répartition régionale et sectorielle, nous avons observé un changement majeur au sein de l’indice des marchés émergents. Historiquement, les marchés émergents ont été beaucoup plus exposés aux pays producteurs de marchandises. Le 31 janvier 2000, les économies du Brésil, du Mexique et de l’Afrique du Sud formaient près de 30 % de l’indice. À l’heure actuelle, elles n’en représentent que 10 %.

Ce changement d’exposition régionale s’est fait au profit de la Chine. Au moment de la création de l’indice, la pondération de ce pays-ci était de 0,4 % et aujourd’hui, elle avoisine 40 %. Dans l’ensemble, la Chine, l’Inde, la Corée du Sud et Taïwan composent actuellement près de 80 % de l’indice.

Cette évolution au chapitre de la domination régionale a également eu un impact sur l’exposition sectorielle. Les secteurs de l’énergie et des matières premières exerçaient auparavant une influence beaucoup plus importante sur l’indice. À leur apogée en 2008, ces deux secteurs comptaient pour près de 40 % de l’indice MSCI Marchés émergents, mais ils n’en représentent désormais qu’environ 13 %. À l’inverse, la part des technologies de l’information, des services de communications et de la consommation discrétionnaire a presque doublé, celle-ci étant passée de 26 % à 48 %.

Pondérations sectorielles historiques de l’indice MSCI Marchés émergents

Ce graphique montre les pondérations historiques par secteur de l’indice MSCI Marchés émergents, de 2000 à 2020.

Source : MSCI, au 31 décembre 2020

À notre avis, la variation de la composition sectorielle de l’indice a également eu une incidence sur sa volatilité. Historiquement, les marchés émergents ont été plus volatils que les marchés développés. Ce rapport a toutefois changé récemment du fait du changement dans la composition géographique et sectorielle de l’indice, celui-ci étant moins tributaire des sociétés cycliques. Les améliorations apportées au système financier de la région et l’augmentation du nombre de sociétés affichant un bilan solide ont contribué, selon nous, à stabiliser l’indice. Lorsque nous mesurons la volatilité en fonction de l’écart-type annualisé sur une période mobile de trois ans, les marchés émergents ont historiquement été plus instables que l’indice S&P 500 ou l’indice composé S&P/TSX. Cette dynamique a toutefois changé au cours des dernières années. Plus récemment, la volatilité annualisée sur trois ans des marchés émergents a été comparable à celle des États-Unis et du Canada.

Écart-type annualisé sur une période mobile de trois ans (1990 à aujourd’hui)

Ce graphique compare l’écart-type annualisé sur une période mobile de trois ans de l’indice MSCI Marchés émergents à ceux de l’indice S&P 500 et de l’indice composé S&P/TSX, de 1990 à 2020. Pour la période présentée, l’indice MSCI Marchés émergents affiche une volatilité plus élevée que celle des autres indices, mais cette volatilité a nettement diminué dernièrement.

Sources : Gestion de placements Manuvie, Bloomberg, au 31 mars 2020.

Les marchés émergents sont-ils plus risqués? Les données donnent à penser que la situation a changé. Nous estimons qu’à mesure que ces sociétés poursuivront leur croissance, elles afficheront des caractéristiques de risque semblables à celles observées en Amérique du Nord, quoiqu’en offrant un plus grand potentiel de hausse.

À long terme, le leadership économique mondial passera aux mains de l’Asie. Ce basculement offre un cadre favorable aux actions des marchés émergents. Vos clients sont-ils bien placés pour profiter de cette occasion de placement? Dans la troisième et dernière partie de cette série, nous examinerons les raisons pour lesquelles le moment est idéal pour évaluer l’exposition d’un client aux marchés émergents.

Macan Nia, CFA
Stratège principal des placements

1 https://www.theglobeandmail.com/investing/markets/inside-the-market/article-heres-how-much-canadian-content-the-pros-are-putting-in-their/

L’augmentation des taux d’intérêt entraîne généralement la diminution des cours obligataires. Plus la durée moyenne des obligations détenues dans un fonds est longue, plus le fonds risque d’être sensible aux fluctuations des taux d’intérêt. Le rendement d’un fonds fluctue en fonction de la variation des taux d’intérêt.

Le risque de change s’entend du risque que la fluctuation des taux de change ait un effet négatif sur la valeur des placements détenus dans un fonds.

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Macan Nia, CFA

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Co-stratège en chef des placements

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Kevin Headland, CIM

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