FNB de dividendes : à la recherche de la qualité en période d’incertitude

En ce début d’année marqué par l’incertitude des marchés alors que la perspective d’une récession plane toujours, les investisseurs sont de plus en plus à la recherche de titres stables et fiables pour renforcer leurs portefeuilles. Les actions donnant droit à des dividendes sont depuis longtemps un choix populaire dans de tels environnements, et ce, pour de bonnes raisons : les sociétés qui peuvent verser des dividendes tout au long d’un cycle de marché sont généralement de meilleure qualité et elles offrent aux investisseurs une stabilité précieuse en période de turbulence sur les marchés. Il est toutefois important que les investisseurs ne se laissent pas distraire par l’attrait de rendements en dividendes élevés, car ceux-ci révèlent rarement une image complète de la situation.

La grande majorité des FNB de dividendes actuellement sur le marché sont passifs, ce qui signifie que leur constitution s’appuie sur une méthode indicielle fondée sur des règles précises, en sélectionnant généralement les titres à plus haut rendement en dividendes au sein de l’univers des placements pour les inclure dans le portefeuille.

Nous pensons qu’une telle approche risque de ne pas prendre en compte les risques sous-jacents potentiels qu’un rendement en dividendes attrayant pourrait dissimuler. Par exemple, le versement des dividendes est-il durable? Le rendement en dividendes est-il exagérément élevé en raison des inquiétudes quant à la viabilité à long terme de l’entreprise? Un dividende élevé est-il financé par l’endettement?

Selon nous, adopter une approche active plus diversifiée dans la sélection d’un portefeuille d’actions donnant droit à des dividendes permet aux gestionnaires de voir au-delà du taux de rendement des titres individuels. Pour y arriver, il faut examiner de plus près les facteurs sous-jacents au rendement élevé des dividendes d’une entreprise. Ces facteurs peuvent comprendre des paramètres axés sur la qualité et, en tenant compte de ces paramètres parallèlement au rendement en dividendes et à la croissance du dividende, le processus peut aider à constituer un portefeuille qui offre non seulement un revenu durable, mais aussi le potentiel d’appréciation des cours.

La valeur des dividendes

Les actions à dividendes offrent deux sources distinctes de rendement : l’appréciation du cours et le revenu tiré du versement de dividendes, qui peut être réinvesti ou encaissé. Comme nous l’avons déjà mentionné, nous pensons qu’il faut éviter de sélectionner les actions à dividendes uniquement sur la base du rendement en dividendes.  En adoptant une série de mesures fondamentales qui s’appuient sur la qualité, comme les données sur les ratios de couverture et de distribution, les ratios de rendement, le ratio d’endettement et les marges, un portefeuille peut se concentrer sur l’appréciation du capital et, potentiellement, sur une trajectoire plus stable pendant les périodes de turbulences financières.

Les versements de dividendes sont certes un indicateur de qualité, mais les investisseurs ne doivent pas perdre de vue que le rendement du cours reste la principale composante du rendement total et en tenir compte lors de la constitution d’un portefeuille de dividendes. Comme nous l’avons déjà mentionné, nous pensons qu’il faut éviter de sélectionner les actions à dividendes seulement sur la base du rendement en dividendes, et qu’il faut aussi tenir compte du potentiel d’appréciation du capital et d’une série d’indicateurs de qualité, entre autres, le ratio de couverture des intérêts, le ratio de distribution, le rendement du capital investi, le rendement des capitaux propres, le ratio d’endettement, les marges élevées et l’évolution des marges au fil du temps.

La diversification est elle aussi un facteur important. De nombreux FNB de dividendes passifs finissent par privilégier des secteurs particuliers, comme les services financiers et l’énergie, où l’on trouve plus souvent des sociétés versant des dividendes. Cette concentration sectorielle peut être risquée si cette partie du marché est à la traîne, ce qui peut nuire au rendement global d’un portefeuille. Au cours du premier semestre de 2023, les actions d’une poignée de sociétés à mégacapitalisation étaient à l’origine de la majeure partie du rendement du marché, mais quand le marché s’est redressé au quatrième trimestre, les rendements s’étaient largement diversifiés. Un gestionnaire actif peut diversifier l’exposition aux risques, cerner les entreprises qui présentent des bilans solides et des modèles d’entreprise résistants, et rechercher celles qui présentent des valorisations attrayantes.  

La recherche de la qualité

À l’avenir, nous pensons que la croissance des bénéfices sera une source importante d’inquiétude pour les marchés boursiers pendant les prochains trimestres de 2024.  Malgré la faible croissance du chiffre d’affaires au second semestre de 2023, les bénéfices des sociétés se sont avérés résilients, car les dirigeants ont pu mettre en œuvre des initiatives de gestion des dépenses. Ces initiatives sont désormais arrivées à terme, de sorte que les marges bénéficiaires du S&P 500 risquent d’être soumises à des pressions en raison des niveaux élevés actuels, si la croissance du chiffre d’affaires se fait attendre. Par conséquent, nous pensons que la croissance des bénéfices sera nulle ou légèrement négative au cours du premier semestre de l’année.

Dans cette conjoncture, la sélection des titres restera essentielle et pourrait offrir d’importantes occasions en 2024 pour les sociétés de qualité qui affichent un bilan solide. Pour s’en convaincre, il suffit de regarder le dernier cycle de bénéfices, au cours duquel le marché a récompensé les sociétés du S&P 500 dont les bénéfices étaient positifs (plus que la moyenne) et pénalisé celles dont les bénéfices étaient négatifs (plus que la moyenne). Lorsque l’économie mondiale ralentit, la croissance du chiffre d’affaires ralentit elle aussi, et les marges bénéficiaires diminuent, ce qui laisse à l’entreprise moins de liquidités pour rembourser ses dettes et soutenir ses activités. Les entreprises de qualité qui versent des dividendes et dont le bilan est solide sont donc mieux outillées pour résister à une pression soutenue et ont historiquement enregistré de bonnes performances avant, pendant et après les périodes de croissance négative. De plus, ces entreprises demeurent généralement résistantes tout au long des différents cycles économiques, affichent un pourcentage élevé de revenus récurrents, ont la capacité à investir dans la croissance interne tout en améliorant les marges, et ont la possibilité d’augmenter leur part de marché. 

Ce n’est pas tout de trouver des dividendes, il faut trouver les bons dividendes

Les dividendes sont une source de revenus importante et bien établie pour les investisseurs canadiens, en particulier en période d’incertitude sur les marchés. Mais comme la plupart des FNB de dividendes sont passifs, ils cherchent habituellement à atteindre leur objectif de rendement en dividendes en ciblant exclusivement les actions qui offrent les dividendes les plus élevés. Comme nous l’avons expliqué, nous pensons qu’une telle approche fondée sur un facteur unique pourrait omettre de tenir compte des risques sous-jacents.

Selon nous, en considérant le rendement en dividendes parallèlement à des indicateurs de qualité comme le ratio de couverture des intérêts, le ratio de distribution, le rendement du capital investi, le rendement des capitaux propres, le ratio d’endettement et les marges, les investisseurs peuvent tirer profit de sociétés qui affichent des fondamentaux solides et des dividendes plus durables.