Perspectives macroéconomiques mondiales 2025
Début 2025, nous avions identifié cinq thèmes macroéconomiques qui, selon nous, devraient perdurer tout au long de l'année. Six mois plus tard, nous adoptons une approche géographique pour nos perspectives, présentant, région par région, notre vision du reste de l'année.

Au début de l’année 2025, nous avons cerné cinq thèmes macroéconomiques clés qui, selon nous, devraient persister tout au long de l’année :
1 Une croissance mondiale en demi-teinte
2 Un chemin tortueux vers des taux neutres
3 Une accumulation de dettes publiques
4 Une évolution probable du commerce mondial
5 Des marchés émergents en difficulté
En six mois, bien des choses peuvent changer. Des décisions politiques plus énergiques que prévu, notamment de la part des États-Unis, ont rapidement pris le pas sur certaines de nos prévisions pour le début de l’année 2025.
Par exemple, si elle reste plus forte que dans d’autres régions, la croissance économique américaine se rapproche par le bas de celle de ses homologues mondiaux; à l’inverse, l’économie de la zone euro bénéficie désormais de certains facteurs structurels favorables. Et bien que l’idée d’un resserrement des politiques monétaires mondiales vers des taux neutres soit toujours d’actualité, la convergence nette que nous avions anticipée ne s’est pas produite.
D’un autre côté, cependant, d’autres thèmes que nous avions retenus pour 2025 ont été validés et renforcés. Les questions liées au commerce mondial et à la démondialisation ont en effet pris le devant de la scène, accompagnées de répercussions sur de nombreux marchés émergents sensibles au commerce. Ailleurs, les marchés financiers mondiaux sont confrontés à une vague importante d’émissions de dette publique, qui entraîne une hausse des rendements obligataires à l’échelle mondiale.
Maintenant que la première moitié de l’année est écoulée, nous avons choisi cette fois-ci une approche géographique plutôt que thématique, afin de présenter région par région notre vision de l’évolution de la situation jusqu’à la fin de l’année 2025.
États-Unis : l’instabilité politique au cœur des préoccupations
Compte tenu de l’instabilité des politiques gouvernementales, nous pensons que la croissance économique américaine devrait ralentir au cours du second semestre 2025. En fait, l’incertitude accrue entourant les politiques commerciales a déjà eu des effets notables sur l’économie cette année, notamment des fluctuations importantes du commerce net et de la constitution de stocks, ainsi qu’un rattrapage de l’activité commerciale qui s’estompe actuellement. À ce stade, nous observons des signes d’un ralentissement du marché du travail, d’un affaiblissement de la production industrielle et d’un fléchissement de la consommation des ménages. Les pressions inflationnistes à la hausse résultant des droits de douane réciproques n’ont pas encore touché l’économie américaine, mais ce n’est peut-être qu’une question de temps.
Toutefois, du point de vue de la Réserve fédérale américaine, nous croyons que l’accent mis sur le ralentissement de la croissance et la dynamique du marché de l’emploi l’emportera finalement sur les craintes inflationnistes, ce qui conduira à de nouvelles baisses des taux d’intérêt dans les mois à venir, ramenant le taux des fonds fédéraux à 3,5 % d’ici mi-2026. Sur les marchés mondiaux, la question de savoir si « l’exceptionnalisme américain » touche à sa fin est de plus en plus souvent posée, dans un contexte d’inquiétudes croissantes concernant la politique budgétaire des États-Unis et les relations de ce pays avec ses principaux alliés.
Points à retenir en matière de placement : au cours du premier semestre de 2025, cette question et les inquiétudes qui l’accompagnent se sont traduites sur les marchés par des actions américaines à la traîne, un affaiblissement du dollar américain (USD) et une hausse des taux à long terme des bons du Trésor américain. Même si nous prévoyons que ces tendances en matière de rendement se maintiendront, toute élimination (ou même réduction) de l’incertitude macroéconomique
Le rendement des obligations du Trésor américain à 30 ans a atteint des niveaux jamais vus depuis la crise financière mondiale de 2008.
Canada : prêt pour un ralentissement prolongé
L’économie canadienne a terminé l’année 2024 sur une base relativement solide, soutenue par une amélioration du commerce mondial et une évolution favorable de la conjoncture intérieure. Cependant, à la mi-2025, les droits de douane imposés par les États-Unis sur les principales exportations canadiennes (notamment l’acier, l’aluminium et les automobiles) ont perturbé l’activité commerciale du pays et pesé lourdement sur le moral des entreprises. Maintenant que les effets des droits de douane se font sentir dans l’économie canadienne, nous prévoyons un ralentissement prolongé au second semestre de 2025, suivi d’une reprise progressive en 2026 et 2027. Cette prévision repose notamment sur la mise en place par la Banque du Canada de nouvelles mesures d’assouplissement monétaire au cours des 12 prochains mois, ce qui est actuellement remis en question en raison de la hausse de l’inflation au Canada.
Points à retenir en matière de placement : malgré ces défis, le dollar canadien s’est renforcé depuis le début de l’année et pourrait continuer sur cette lancée dans un contexte d’inquiétudes mondiales concernant les politiques américaines. Nous sommes moins optimistes quant au marché boursier canadien, malgré les gains importants enregistrés au premier semestre par les actions des sociétés aurifères. Nous ne prévoyons pas que les prix du pétrole resteront élevés et stimuleront les actions du secteur canadien de l’énergie, tandis que les institutions financières pourraient subir de plein fouet le ralentissement économique national.
Europe : croissance médiocre, mais raisons d’être optimiste
Nous croyons que la zone euro dans son ensemble devrait continuer à connaître une croissance économique inférieure à la tendance au second semestre 2025, malgré l’amélioration récente de divers indicateurs conjoncturels. Par exemple, alors que le secteur de la fabrication a montré des signes de reprise après des années proches de la récession, l’incertitude persistante entourant la politique commerciale américaine risque de limiter la reprise complète. Nous sommes optimistes quant au fait que les réformes structurelles et les mesures de relance budgétaire mises en place dans la plupart des pays européens devraient soutenir l’économie régionale, mais nous ne prévoyons pas que les incidences positives se feront sentir avant 2026.
Entre-temps, l’inflation dans la zone euro s’est rapprochée de la cible de la Banque centrale européenne (BCE), grâce à une croissance des salaires modérée, à la baisse des prix de l’énergie et à une devise plus forte (euro), facteurs qui ont tous contribué à ralentir l’inflation. Nous prévoyons que la BCE mettra fin à son cycle d’assouplissement monétaire à 2 %, ce qui correspond selon nous à son taux directeur neutre. Toutefois, si une mise en œuvre plus draconienne de la politique commerciale américaine venait à affaiblir davantage la dynamique de croissance en Europe, la BCE pourrait être amenée à assouplir davantage sa politique monétaire.
Points à retenir en matière de placement : nous continuons de voir un potentiel de hausse pour l’euro à l’avenir, soutenu par un écart de croissance qui se réduit entre l’Europe et les États-Unis, ainsi que par la recherche par de nombreux investisseurs de solutions de remplacement au dollar américain alors que la volatilité de la politique américaine s’intensifie. Nous restons également prudemment optimistes à l’égard des actions de la zone euro, dans un contexte d’amélioration des perspectives structurelles du marché et de valorisations relatives attrayantes.
Après des années proches de la récession, la production industrielle européenne pourrait avoir atteint son point le plus bas.
Royaume-Uni : un contexte toujours stagflationniste
Nous croyons que la croissance économique au Royaume-Uni a probablement atteint son point le plus bas l’année dernière, et nous prévoyons donc une reprise modérée, inférieure à la tendance, au second semestre 2025. L’économie de ce pays, davantage axée sur les services, devrait offrir une certaine protection contre les dommages causés par les facteurs défavorables du commerce mondial. Entre-temps, nous continuons de surveiller le marché du travail britannique, au sein duquel les récentes hausses des charges sociales devraient assombrir les perspectives.
Malgré la trajectoire de croissance toujours morose de l’économie, la persistance d’une inflation élevée a jusqu’à présent empêché la Banque d’Angleterre (BoE) d’assouplir de manière significative son taux directeur, qui s’établit actuellement à 4,25 %. En conséquence, nous prévoyons que la BoE ne procédera qu’à deux baisses supplémentaires de ses taux au cours du second semestre 2025.
Points à retenir en matière de placement : nous restons prudents à l’égard des obligations gouvernementales britanniques (gilts) à long terme, compte tenu de leur sensibilité potentielle à la conjoncture américaine et aux répercussions sur les marchés. Au sein des actions britanniques, nous privilégions les grandes capitalisations par rapport aux petites, car elles pourraient s’avérer plus défensives sur des marchés volatils et moins sensibles au contexte économique stagflationniste du Royaume-Uni.
« Nous croyons que la croissance économique au Royaume-Uni a probablement atteint son point le plus bas l’année dernière, et nous prévoyons donc une reprise modérée, inférieure à la tendance, au second semestre 2025. »
Japon : un nouveau cycle de placement se profile
L’écart de production de l’économie japonaise, c’est-à-dire la différence entre sa production réelle et sa production potentielle, s’est récemment réduit grâce à une certaine amélioration des perspectives de croissance structurelle. Toutefois, les indicateurs conjoncturels laissent présager un ralentissement probable au second semestre 2025, en raison de l’affaiblissement de la demande mondiale. Les pressions à la hausse sur les prix au Japon devraient persister, la croissance des salaires atteignant des niveaux inégalés depuis plusieurs décennies, ce qui déclenche un cercle vertueux salaires-prix, tandis que la forte inflation des produits alimentaires devrait contribuer à maintenir l’inflation globale à un niveau élevé.
Nous continuons de penser que la Banque du Japon relèvera son taux directeur au cours du second semestre de cette année, en raison d’une inflation supérieure aux prévisions et de taux d’intérêt réels négatifs. Le niveau élevé de la dette publique devrait continuer à peser sur les rendements des obligations japonaises à long terme, alors que la politique budgétaire devient un facteur de plus en plus déterminant pour les marchés mondiaux.
Points à retenir en matière de placement : nous prévoyons que le yen japonais continuera de se renforcer au cours des prochains mois, ce qui pourrait peser sur les actions nationales à court terme. Les bénéfices et les dépenses d’investissement des entreprises, qui continuent d’augmenter grâce à la poursuite des réformes des entreprises, devraient soutenir le marché boursier japonais à moyen et long terme.
L’enquête Tankan au Japon révèle une pression à la hausse maintenue sur l’inflation intérieure
Chine : risques commerciaux ou relance intérieure
L’économie chinoise s’est légèrement améliorée au cours du premier semestre 2025, en partie grâce à la mise en place anticipée de mesures de soutien gouvernementales et à l’accélération de l’activité économique provoquée par la menace de droits de douane américains. Nous prévoyons toutefois un léger ralentissement à venir. Les exportations chinoises ont largement stimulé la croissance fin 2024 et début 2025, mais l’incertitude croissante qui pèse sur le commerce mondial signifie que la Chine ne peut plus compter uniquement sur cette voie. Pour assister à une reprise économique et commerciale durable, l’activité intérieure du pays doit s’accélérer, ce qui, selon nous, nécessiterait davantage de mesures de relance budgétaire ciblées sur les secteurs immobilier et de la consommation.
En fin de compte, l’ampleur du ralentissement économique chinois dépendra probablement de la manière dont ces mesures de relance permettront d’atténuer ou de compenser l’incidence défavorable d’un affaiblissement de la dynamique commerciale. Nous sommes d’avis que la politique du gouvernement chinois restera réactive et nous prévoyons donc un ralentissement de l’économie avant une stabilisation. Les défis structurels comme la surcapacité industrielle, l’absence de filets de sécurité sociale et la morosité du secteur immobilier devraient continuer à peser sur le potentiel de croissance.
« Nous sommes d’avis que la politique du gouvernement chinois restera réactive et nous prévoyons donc un ralentissement de l’économie avant une stabilisation. »
Autres pays émergents : les banques centrales devraient adopter une politique accommodante
Les économies émergentes sont particulièrement sensibles aux fluctuations du commerce mondial et de l’activité manufacturière. Un contexte macroéconomique marqué par des tensions commerciales persistantes représente donc un défi de taille pour la croissance des économies et des bénéfices de nombreux marchés émergents. Nous nous attendons à un niveau élevé d’incertitude et de volatilité des marchés autour des dates clés à venir, comme la fin de la suspension réciproque des droits de douane pour une durée de 90 jours en juillet et la trêve commerciale de 90 jours entre les États-Unis et la Chine en août.
Pour aider à compenser le ralentissement de l’activité commerciale, de nombreuses banques centrales des marchés émergents devraient maintenir leurs taux d’intérêt à des niveaux bas. Cette politique conciliante est soutenue par des tendances déflationnistes caractérisées par un ralentissement de la croissance, un affaiblissement du dollar américain, une baisse des prix des marchandises et les efforts déployés par la Chine pour réorienter sa surcapacité industrielle hors des États-Unis. Cependant, comme de nombreux pays émergents dépendent fortement du commerce mondial, certains pourraient ne pas disposer des moyens politiques suffisants pour neutraliser complètement les effets négatifs des droits de douane sur la demande extérieure.
En revanche, les marchés émergents plus orientés vers leur marché intérieur et dont les liens commerciaux avec les États-Unis sont limités semblent mieux positionnés. Sur le plan structurel, une baisse persistante du dollar américain devrait profiter à de nombreux actifs des marchés émergents.
Le ralentissement du commerce mondial devrait avoir une incidence négative sur la croissance des bénéfices des marchés émergents.
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