Perspectives 2021 de l’équipe Stratégie des marchés des capitaux – La réouverture rapide

Perspectives pour 2021 : La réouverture rapide

« … et quand survient un moment décisif, c’est vous qui définissez le moment… ou c’est le moment qui vous définit. »

– Kevin Costner (en tant que Roy McAvoy dans Le Pro)

Quand j’ai commencé à rédiger nos perspectives pour 2021, j’ai relu les Billets sur l’investissement publiés par mon équipe en 2020. Nos perspectives pour 2020 ont rapidement perdu de leur pertinence, car la COVID-19 s’est répandue partout dans le monde, paralysant les économies et semant le désordre dans les marchés des capitaux. Notre opinion est allée de la mise en garde au début de l’année, au scepticisme envers la reprise au printemps, puis à l’acceptation du risque à l’été et à l’automne, alors que les données commençaient à indiquer une reprise en forme de V là où elle est importante pour les marchés boursiers.

Vers la fin de l’année, un collègue m’a demandé de nommer une leçon tirée de 2020. Autrement dit, qu’est-ce que j’ai appris du comportement du marché pendant l’année? Quelle excellente question! On devrait d’ailleurs se la poser régulièrement. J’y ai réfléchi, et voici ma réponse…

Notre philosophie au sein de l’équipe Stratégie des marchés des capitaux est assez simple. Nous nous demandons : comment fait-on de l’argent? Quand il est question des marchés, il s’agit (notamment) de déterminer l’orientation de la croissance des bénéfices, de l’inflation, des taux d’intérêt et de l’économie, d’être conscient des valorisations (mais de ne pas s’y restreindre), et de comprendre que toute nature capricieuse du marché à court terme ne reflète pas les occasions à long terme.

Malgré toute l’incertitude, les nouvelles négatives, les railleries politiques, le marché baissier, la récession, et la reprise au point où elle en était à la fin de l’année, c’est l’approche axée sur les données de notre stratégie de placement et la cohérence de notre processus qui nous ont permis de rester sur la bonne voie. Notre positionnement n’était pas hors de tout doute. Comme beaucoup d’autres, nous avons remis en question chaque phase du redressement, en attendant la prochaine tuile. Malgré tout, nous sommes revenus à la méthode éprouvée que nous avons mise au point au cours des dix dernières années, voire plus. Bref, qu’est-ce que j’ai appris? Qu’il faut faire confiance au processus.

Mon équipe et moi avons parlé à des milliers de conseillers et de clients au cours de l’année. Et à juste titre, il y a eu beaucoup de nervosité au début de la pandémie, lors de la deuxième vague estivale, et à cause des élections aux États-Unis et de leurs répercussions. Les manchettes nous ont peut-être toujours donné une raison de vendre les actions, mais les données indiquaient le contraire.

Au début de 2020, nous avons sous-pondéré les actions dans notre portefeuille modèle, car nous pensions que les valorisations étaient excessives dans un contexte de faible croissance des bénéfices. Mais, comme je l’ai déjà mentionné, les prévisions pour 2020 ont rapidement perdu de leur pertinence quand la pandémie a émergé. Cependant, cette sous-pondération a commencé à se transformer à la fin du premier trimestre en surpondération à la fin du troisième (par rapport à un indice de référence classique composé à 60 % d’actions et à 40 % de titres à revenu fixe). Pourquoi? Parce que nos indicateurs avancés laissaient entendre qu’on se dirigeait vers une amélioration des conditions pour les actions. D’ailleurs, c’est sur l’avenir que l’on doit continuer à se concentrer. Non pas sur les risques qui pourraient survenir à court terme alors que la COVID-19 continuera de faire rage, mais sur le monde tel qu’il sera dans 12 mois, lorsqu’une plus grande partie de la population mondiale sera protégée contre le virus et qu’on entamera ce que nous appelons la réouverture rapide.

Pour 2021 et 2022, il faut se demander si la situation s’améliorera progressivement ou se détériora petit à petit. Nous penchons pour une amélioration. En effet, nous croyons que la COVID-19 sera de moins en moins problématique à mesure qu’un plus grand nombre de vaccins seront disponibles. Dans cette optique, nous vous présentons nos trois grands thèmes pour 2021 et la réouverture rapide de l’économie.

L’histoire économique ne se répète pas, mais elle rime

Il est vrai que le prochain trimestre ou les deux prochains suscitent beaucoup d’incertitude. Cependant, chaque mois qui passe nous rapproche d’un monde où la COVID-19 ne fait plus les manchettes. Nous nous attendons à ce que l’épicentre de la croissance reste en Asie. Toutefois, les économies du monde entier rouvriront leurs portes à mesure que nous nous rapprocherons de l’immunité collective (par la vaccination ou autrement). Le marché de l’emploi se redressera tandis que les stocks rattraperont la demande. Un élément clé de la reprise rapide sera la libération de la demande et de l’épargne accumulées à mesure que les consommateurs profiteront de leur nouvelle situation financière.

La matrice de la dynamique croissance/inflation de Stratégie des marchés des capitaux tient compte de plusieurs paramètres de croissance (PIB, indicateurs économiques avancés américains de l’OCDE, indice PMI de l’ISM, etc.) en contexte d’inflation pour déterminer le rendement de chaque catégorie d’actif (sur une base moyenne de quatre trimestres). Grâce à nos recherches macroéconomiques, nous déterminons le contexte de croissance et d’inflation vers lequel nous nous dirigeons au cours des 12 prochains mois, à notre avis. Nous croyons que nous entrons dans une période d’accélération de la croissance économique et de l’inflation.

Certaines catégories d’actif donnent le meilleur d’elles-mêmes dans un tel environnement. Parmi celles-ci, notons :

  • les actions canadiennes (indice composé S&P/TSX);
  • les actions des marchés émergents (indice MSCI Marchés émergents);
  • les produits de base (indice CRB Commodity).

D’autres catégories d’actif qui affichent un bon rendement dans cet environnement :

  • les actions américaines à petite et à grande capitalisation (indice S&P 500 et indice Russell 2000);
  • l’or;
  • les obligations à rendement élevé.

Le dollar américain (indice DXY) et les obligations à long terme (obligations du Trésor américain à 10 ans) tendent à dégager des rendements inférieurs dans ce contexte.

La matrice de la dynamique croissance/inflation de Stratégie des marchés des capitaux qui est affichée ici montre le rendement de chaque catégorie d’actif en contexte d’accélération et de ralentissement de la croissance et de l’inflation, sur une base moyenne de quatre trimestres.

Les marchés boursiers entrent dans la phase d’épuisement du cycle baissier

La troisième phase du cycle baissier est habituellement marquée par un pic des ratios cours-bénéfice (C/B). Les gains évoluent alors en fonction de la croissance des bénéfices et non plus des valorisations. Dans le cadre de la réouverture rapide de l’économie, nous prévoyons que les bénéfices reviendront à leur niveau d’avant 2021. Mais il faut tempérer ces attentes. Une croissance des bénéfices vigoureuse s’accompagne généralement d’une période de contraction des valorisations. Cela se traduit souvent par un rendement positif, mais historiquement inférieur à la moyenne. C’est pourquoi nous privilégions les catégories d’actif qui dégagent de meilleurs résultats dans un tel contexte économique.

Le lien historique entre la croissance des bénéfices sur 12 mois, notre indice exclusif du secteur manufacturier (indice des rouages) et les exportations sud-coréennes laisse croire que la reprise des bénéfices sera très vigoureuse (en forme de V) dans la première moitié de 2021. Nous pensons que la dynamique économique permettra de maintenir une forte croissance des bénéfices sur 12 mois en 2021.

Il y a deux graphiques. Le premier illustre la forte corrélation entre l’indice des rouages et les bénéfices des sociétés de l’indice S&P 500.
Le deuxième illustre la forte corrélation entre les exportations sud-coréennes et les bénéfices des sociétés de l’indice MSCI EAEO sur 12 mois.

Il faut s’attendre à des corrections en 2021. La volatilité des marchés est normale, et nous pensons qu’une correction est tout à fait raisonnable compte tenu de l’ampleur du redressement de 2020, des valorisations actuelles et des difficultés économiques à l’horizon à court terme. Si les données économiques continuent de suivre la tendance, nous verrons la volatilité des marchés comme une occasion de rééquilibrer les actions ou, selon l’étendue de la correction éventuelle, d’accroître leur pondération.

Les perspectives ne sont pas les mêmes aux deux extrémités de la courbe

Selon les attentes, l’inflation augmentera en 2021 en raison des effets de base du creux de la récession (y compris les prix négatifs du pétrole). La croyance veut que cette augmentation soit temporaire. Or, notre modèle d’inflation laisse penser le contraire. Les prévisions prudentes que nous avons formulées pour les données intégrées à notre modèle laissent entrevoir une période d’inflation à la hausse prolongée en 2021, hausse qui pourrait être encore plus prononcée si la reprise économique est plus vigoureuse que prévu.

Les banques centrales ont indiqué que les taux de référence demeureront à leurs niveaux actuels jusqu’en 2023; cependant, les taux à long terme sont soumis aux fluctuations du marché. Il est toujours possible que les banques centrales interviennent pour limiter la hausse des taux d’intérêt à long terme, mais nous pensons qu’elles auront une certaine réticence à le faire. Selon nous, elles accueilleraient favorablement une hausse des taux à long terme.

De l’avis général, la courbe des taux des obligations du Trésor américain devrait continuer de s’accentuer à mesure que les taux d’intérêt à long terme augmentent. Nous pensons que cette prévision est juste pour ce qui est de l’orientation, mais pas de l’ampleur de l’augmentation. En effet, notre matrice de la dynamique croissance/inflation indique que dans le contexte d’accélération de la croissance et de l’inflation prévu en 2021, l’augmentation du taux à 10 ans serait de 50 pb en moyenne, avec un écart-type de 100 pb. Par conséquent, nous sommes d’avis que les taux augmenteront plus que ce que prévoit le marché. Nous croyons que la hausse de l’inflation exercera une pression sur les taux obligataires et les valorisations des actions, et que c’est l’un des principaux risques à surveiller en 2021.

Ce graphique compare les courbes des taux des obligations du Trésor américain de décembre 2020 contre un mois et six mois auparavant. On y observe une augmentation constante.

Nos prévisions pour 2021 demeurent favorables aux actions, en particulier celles du Canada et des marchés émergents, deux régions pour lesquelles nous avons augmenté la pondération de 5 % à la fin du quatrième trimestre. Nous avons maintenu la pondération entre actions et titres à revenu fixe à 65 % et à 35 %, respectivement.

Ce graphique montre les pondérations du portefeuille modèle de Stratégie des marchés des capitaux, par catégorie d’actif, au 31 décembre 2020 : 30 % d’actions américaines, 20 % d’actions internationales, 20 % d’obligations d’État et d’obligations de sociétés de qualité, 15 % d’obligations à rendement élevé, 10 % d’actions canadiennes et 5 % d’actions des marchés émergents.

Pour plusieurs, 2020 a été un moment décisif. Et pour les marchés, ce moment ne s’est pas terminé avec le Nouvel An. Notre façon de gérer nos portefeuilles en 2021 sera tout aussi importante que notre façon de les gérer en 2020. Mais encore une fois, l’une des questions les plus importantes que l’on peut se poser est : est-ce que la situation s’améliorera progressivement ou se détériorera petit à petit? C’est effectivement un excellent point de départ pour amorcer la conversation.

Philip Petursson
Stratège en chef des placements et chef, Recherche de placements, Marchés des capitaux
Gestion de placements Manuvie

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Kevin Headland, CIM

Kevin Headland, CIM, 

Co-stratège en chef des placements

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Macan Nia, CFA

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Co-stratège en chef des placements

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