Billet sur l’investissement perspectives pour 2019 - Voyagez avec prudence et sans crainte

Partie 1 – Revue de l’année 2018

Nous avons abordé l’année 2018 avec un optimisme modéré. Nos attentes en matière de rendement étaient modestes et notre raisonnement, logique. Nous pensions que les sociétés américaines dégageraient de solides bénéfices, grâce aux réductions d’impôts dont elles bénéficieraient, ce qui devait être contrebalancé par une contraction du ratio cours-bénéfice laissant aux porteurs d’actions un rendement de l’ordre de 5 %. Or, les bénéfices des sociétés ont été solides, exceptionnellement solides; et le ratio cours-bénéfice s’est bel et bien contracté. Cependant, sa contraction a été nettement plus prononcée et plus généralisée que prévu, puisque les ratios cours-bénéfice ont chuté à l’échelle des actions américaines, mais également de la plupart des grands marchés boursiers.

En démarrant l’année, nous nous sommes demandé s’il fallait s’en réjouir ou le déplorer. Autrement dit, si la conjoncture macroéconomique sous-jacente des marchés boursiers est si belle que la seule orientation possible est baissière. Au début de l’année, nous ne le pensions pas. Nous avancions que nous n’étions pas loin, mais pas encore au stade où les données pointeraient vers les conditions d’une récession. Notre opinion n’a pas changé. Les données économiques aux ÉtatsUnis, au Canada, en Chine et en Europe ont ralenti, mais ne laissent pas entrevoir de récession.

Canada – En avons-nous assez de cette histoire?

Le marché boursier canadien a chuté de 8,9 %, en tenant compte des dividendes, selon l’indice composé S&P/TSX. Ce recul intègre une contraction de 10,1 % au quatrième trimestre. Le Canada, encore une fois, a été gêné par l’évolution du cours du pétrole, qui a démarré l’année à 60,42 $ US le baril (West Texas Intermediate) et a atteint environ 75 $ US avant de s’écrouler au quatrième trimestre, au même moment que les actions, et de terminer l’année à 45,41 $ US le baril.

Le Western Canadian Select, mesure de référence canadienne du brut, est tombé encore plus bas, l’écart entre le baril de pétrole canadien et de WTI atteignant 50 $ au quatrième trimestre en raison de l’insuffisance des capacités de transport par oléoduc et par rail dont ont souffert les producteurs canadiens. La combinaison de la chute du cours du pétrole et du creusement de l’écart de part et d’autre de la frontière a alourdi les pertes subies par le secteur de l’énergie.

Ce graphique linéaire montre les prix du pétrole brut selon les cours du Western Texas Intermediate (WTI) et du Western Canadian Select (WCS), de janvier 2015 à octobre 2018. Il illustre, d’une part, le déclin des cours du WTI et du WCS à la fin 2018 et, d’autre part, l’écart qui s’est élargi entre les deux à la même période, avant de rétrécir peu de temps avant que l’année se termine lorsque le WTI a reculé de façon disproportionnée. Source : Bloomberg et Investissements Manuvie, au 31 décembre 2018.

Le cours du WCS n’a pas pris entièrement en compte la hausse du WTI en 2018, ce qui a creusé l’écart entre leurs prix. L’écart s’est resserré lorsque le cours du WTI a subi une baisse plus importante que celui du WCS.

La dégringolade des actions n’est toutefois pas restée confinée au secteur de l’énergie. En dehors des secteurs défensifs classiques que sont les biens de consommation de base, les télécommunications et les services publics, rares sont les secteurs à avoir été épargnés par la correction.

Actions américaines – Le risque géopolitique prend le dessus

Comme nous l’avons mentionné plus haut, nous nous attendions, à l’aube de 2018, à ce que les actions tirent profit d’une croissance vigoureuse des bénéfices qui serait contrebalancée dans une certaine mesure par la contraction des ratios cours-bénéfice. Nos modèles d’évaluation suggéraient que l’indice S&P 500 se négociait à sa pleine valeur au début de l’année, mais que les valorisations n’étaient pas extravagantes. La contraction des ratios cours-bénéfices s’est produite, comme prévu, et elle avait en fait dépassé nos attentes à la fin de l’année à tel point que nous jugeons maintenant que les actions américaines sont sous-évaluées.

Ce graphique linéaire montre la croissance des bénéfices et des valorisations des actions de l’ensemble des sociétés qui composent l’indice S&P 500, d’après les ratios cours/bénéfices, de 2013 à 2018. La croissance des bénéfices s’est considérablement améliorée de 2016 à 2018, tandis que les valorisations sont demeurées plutôt stables, avant de décliner fortement en 2018. Le graphique indique que les actions américaines pourraient être sous-évaluées en général. Sources : Bloomberg et Investissements Manuvie, au 31 décembre 2018.

L’année 2018 a été excellente sur le plan de la croissance des bénéfices, qui s’est accélérée pour s’établir à plus de 20 % sur une période mobile de 12 mois. Les gains ont toutefois été contrebalancés par une forte contraction des multiples.

D’un autre côté, la croissance des bénéfices a surpassé nos attentes en 2018 grâce aux réductions de l’impôt des sociétés que les républicains ont mises en œuvre au début de l’année.

Il est justifié d’avancer que les questions d’ordre géopolitique ont eu de l’influence sur la volatilité au cours de l’année et sur la correction qui s’est produite au quatrième trimestre. En fait, l’année 2018 a sans doute été plus marquée par le risque géopolitique que par tout autre facteur. La renégociation de l’ALENA, le conflit commercial sino-américain, les élections de mi-mandat aux États-Unis, la paralysie partielle des services publics américains, les commentaires du président à propos de la politique monétaire de la Réserve fédérale, chacun de ces éléments, entre autres, a exercé sur les marchés boursiers une influence notable, parfois peut-être plus importante que les fondamentaux.

En définitive, les actions américaines, représentées par l’indice S&P 500, ont dégagé un rendement total de -4,4 % (en dollars américains). Au quatrième trimestre, elles ont essuyé une perte de 13,5 % qui a donné une issue décevante aux résultats jusque là étonnamment solides des trois premiers trimestres.

En tournant le dos à l’année 2018, deux termes nous viennent à l’esprit pour décrire les marchés et notre sentiment à leur égard – frustration et déception.

Les actions internationales n’ont offert aucun répit

Parmi les attentes que nous avions à l’aube de 2018, notre plus grande déception a peut-être été causée par les actions internationales. Au début de l’année, nous considérions que les actions internationales, notamment en Asie, en Europe et au Japon, étaient très attrayantes. D’après nos analyses, leurs valorisations étaient beaucoup plus intéressantes que celles des actions américaines. Nos attentes étaient plus modestes à l’égard des bénéfices, mais nous comptions sur l’expansion potentielle des valorisations pour amplifier les rendements. 

À notre sens, les actions internationales ont souffert de la même influence géopolitique que leurs pendantes américaines. Les déboires de l’Europe ont été exacerbés par le Brexit au Royaume-Uni et le désaccord budgétaire entre l’Italie et la Commission européenne. Ainsi, les actions internationales, représentées par l’indice MSCI EAEO ($ US), ont chuté de 12,5 % au quatrième trimestre et de 13,4 % sur l’ensemble de l’année.

Titres à revenu fixe

Ce graphique linéaire montre le taux directeur de la Réserve fédérale américaine (projeté et réel), le taux des obligations du Trésor américain à deux ans, et l’écart entre les taux des obligations du Trésor américain à deux et à dix ans (courbe des taux), de 2009 à 2019. En 2016, quand le taux directeur de la Réserve Fédérale a commencé à augmenter, le taux des obligations à deux ans a augmenté lui aussi, ce qui a aplani la courbe des taux. Source : Bloomberg et Investissements Manuvie, au 31 décembre 2018.

La courbe des taux (écart des taux à 2 et à 10 ans) a continué de s’aplatir, le taux à 2 ans ayant augmenté plus rapidement que le taux de la Fed. 

L’année 2018 a été marquée par l’arrivée de Jerome Powell à la présidence de la Réserve fédérale. La seule surprise de la part de la Fed a peut-être été l’absence de surprises. La Fed a poursuivi son resserrement en imprimant quatre hausses de taux en 2018, tout en continuant d’alléger son bilan. À la fin de l’année, l’extrémité supérieure de la fourchette des taux des fonds fédéraux se situait à 2,50 %. Le taux des obligations du Trésor américain à 10 ans frôlait son niveau de départ à la fin de l’année. Cependant, son parcours a été assez chaotique entre temps. Le taux des obligations à 10 ans a atteint son point culminant à 3,23 % en septembre avant de battre en retraite au quatrième trimestre, lors de la reprise des valeurs refuges causée par la correction des actions. L’écart entre les taux des obligations du Trésor américain à 10 et à 2 ans s’est resserré au fil de l’année et s’inscrivait à 20 pb le 31 décembre. 

La Fed n’a pas été la seule à durcir sa politique. La Banque du Canada a également continué à serrer la vis et est intervenue à trois reprises, pour porter son taux à un jour à 1,75 %. Dans une situation plus précaire, elle a tenté de normaliser les taux au Canada sans étrangler les consommateurs canadiens surendettés.

Globalement, les marchés obligataires ont été décevants en 2018, sur fond de hausse des taux d’intérêt et de creusement des écarts de taux. L’indice obligataire global TMX a dégagé un rendement de 1,4 % en dollars canadiens, tandis que l’indice obligataire Barclays Global Aggregate Bond a reculé de 1,2 % et que l’indice Merrill Lynch High Yield Master a perdu 2,3 % (en dollars US, dans les deux cas).

Partie 2 – Perspectives pour 2019

Chaque fois que nous nous penchons sur les perspectives des marchés boursiers, nous les rapprochons des fondamentaux qui influencent habituellement les rendements : le risque de récession, le risque associé aux bénéfices et le risque liés aux valorisations. À cet égard, nous avons toujours du mal à considérer la volatilité du quatrième trimestre comme autre chose qu’une correction courante causée par un affaissement des données économiques mondiales dramatisé par les médias et les rumeurs.

En formulant nos perspectives pour 2019, nous considérons que la conjoncture économique mondiale est moins florissante, mais reste favorable. Les indices des directeurs d’achats (PMI), qui nous servent d’indicateurs de la croissance économique mondiale dans son ensemble, sont en majorité positifs. L’activité manufacturière mondiale n’est pas aussi robuste qu’elle l’était il y a un an; cependant, elle ne fait pas non plus preuve du ralentissement notable constaté en 2015. Les autres indicateurs de l’activité manufacturière et du commerce que nous analysons témoignent également d’un ralentissement, mais non d’une tendance récessionniste. 

Ce tableau montre les indices des directeurs des achats (PMI) de plusieurs pays et régions, de même que l’indice JP Morgan Global PMI. Les indices PMI sont des indicateurs de croissance économique généralement reconnus. L’indice PMI mondial et celui de la majorité des nations comprises dans le tableau sont en zone positive, même si l’activité manufacturière, à l’échelle mondiale, n’a pas été aussi vigoureuse en 2018 qu’en 2017. Sources : Bloomberg et Investissements Manuvie, au 31 décembre 2018.

Nous devons toutefois admettre qu’en Chine et aux États-Unis, les deux plus grandes puissances économiques mondiales, l’activité manufacturière a ralenti en décembre. Ce qui est difficile à évaluer à ce stade, c’est la mesure dans laquelle cette décélération peut être attribuée à l’incertitude entourant le différend commercial entre la Chine et les États-Unis, et ce qui témoignerait d’un ralentissement économique plus général. Aux États-Unis, l’indice ISM des directeurs d’achats du secteur manufacturier est tombé de 59,3 à 54,1 en décembre (alors que l’indice PMI Markit pour les États-Unis est passé de 55,3 à 53,8). Leur recul témoigne d’un affaissement considérable de la croissance de l’activité manufacturière que nous attribuons à l’incertitude entourant le projet de droits de douane visant les biens chinois, qui a été mis en veilleuse dans la foulée du sommet du G20 organisé en Argentine. En Chine, l’indice PMI Caixin/Markit est tombé à 49,7, alors qu’il s’établissait à 50,2 le mois précédent (une valeur inférieure à 50 suggère une contraction et une valeur supérieure à 50, une expansion).

Ce graphique à barres montre l’évolution de l’indice Institute for Supply Management (ISM) du secteur manufacturier et de l’indice ISM des nouvelles commandes manufacturières, tous deux aux États-Unis, de janvier 2016 à la fin 2018. Les deux indices ont subi une chute marquée en décembre 2018, situation principalement attribuable à l’incertitude créée par les différends commerciaux entre la Chine et les États-Unis. Source : Bloomberg et Investissements Manuvie, au 31 décembre 2018.

La chute abrupte de l’indice de l’activité manufacturière et des nouvelles commandes, en décembre, allait à l’encontre de la tendance habituelle. L’incertitude sur le plan commercial a sans doute accentué cette baisse.

En l’absence d’autres indicateurs de récession, nous considérons que le ralentissement actuel de la croissance est temporaire et pourrait fort se stabiliser en cas d’issue positive aux enjeux géopolitiques.

Ce tableau dresse la liste des indicateurs qui sont habituellement le signe qu’une récession est à venir. Au moment d’écrire ces lignes, aucun ne semblait être présent.

Les économistes s’entendent pour dire que la prochaine récession aux États-Unis se produira en 2020. Bien qu’il s’agisse d’un élément intéressant, il nous semble nettement plus important d’essayer de déterminer quand une récession n’aura pas lieu. À cet effet, nous continuons à nous reporter à notre tableau des indicateurs de récession. Pour le moment, aucun des signes courants de récession n’est observable. Par conséquent, nous estimons à 30 % le risque de récession en 2019.

Ce risque peut sembler plus élevé que ce que certains pourraient penser et, de fait, la probabilité subjective est supérieure à ce qu’elle était il y a un an. Il importe toutefois de reconnaître les signes qui laissent penser qu’une récession n’est certes pas imminente, mais qu’elle n’est pas non plus très loin. Les signes suivants en font partie : une courbe des taux très aplatie qui pourrait s’inverser au premier trimestre de 2019, un marché du logement qui donne des signes d’essoufflement (les ventes de maisons existantes étant en baisse sur 12 mois) et un climat politique tendu à la merci d’une erreur politique.

Actions américaines

Après une correction de près de 20 % et dans le contexte des belles perspectives de croissance des bénéfices pour 2019 et des hausses des taux moins nombreuses cette année que l’an dernier, les actions américaines ont retrouvé leur attrait. Sur le plan des valorisations, d’abord, les actions américaines ont renoué avec des niveaux oubliés depuis 2013 d’après les ratios cours-bénéfice des 12 derniers mois. Normalement, lorsque les taux d’intérêt et l’inflation augmentent, les ratios cours-bénéfice tendent à se contracter. Telle était notre théorie au début de 2018 et la raison pour laquelle nos attentes étaient plus modestes à l’égard des rendements des actions américaines l’an dernier. Or, nous avons été témoins d’une contraction énergique des ratios cours-bénéfice. En fait, nous pourrions avancer que le retour de balancier a été exagéré. 

Ce graphique linéaire montre le ratio cours/bénéfices des 12 derniers mois, de même que le ratio juste valeur/bénéfices pour l’indice S&P 500, de 2009 à 2018. L’indice S&P 500, qui représente les actions américaines, était évalué à sa pleine valeur au début 2018, puis sous-évalué à la fin 2018. Sources : Bloomberg et Investissements Manuvie, au 31 décembre 2018.

Les évaluations ont trop varié. Selon nous, l’indice S&P 500 se négociait à sa pleine valeur au début de l’année, tandis qu’il était sous-évalué en fin d’année.

Ce graphique linéaire montre l’évolution de l’indice PMI du secteur manufacturier de l’ISM, de même que la croissance des bénéfices des sociétés de l’indice S&P 500 sur 12 mois. Malgré son recul, l’indice PMI est toujours en zone positive, ce qui laisse présager que la croissance des bénéfices se situera entre 5 et 8 % et se poursuivra sur les six prochains mois (au moment d’écrire ces lignes). This line chart tracks the ISM Manufacturing PMI and the year-on-year earnings growth of companies in the S&P 500 Index. Decreased but still positive PMI implies earnings growth in the 5%-8% range over the next six months from the time of writing. Source: Bloomberg, Manulife Investments as of December 31, 2018.

À son niveau actuel, l’indice PMI laisse présager que la croissance des bénéfices des sociétés composant l’indice S&P 500 se situera entre 5 et 8 % et se poursuivra sur les six prochains mois.

L’examen de notre modèle de la juste valeur de l’indice S&P 500 par rapport à l’inflation et aux taux d’intérêt fait ressortir que les actions américaines sont désormais sous-évaluées de 2,5 points (environ 13 %). La Réserve fédérale ayant indiqué qu’elle approchait de la fin de son cycle de resserrement monétaire et qu’elle ne relèverait peut-être les taux qu’à deux reprises cette année, la pression à la baisse qu’exercent les taux d’intérêt sur les ratios cours-bénéfice est moins forte. De plus, notre modèle d’inflation semble indiquer que l’inflation a atteint son point culminant et que nous traverserons probablement une phase de désinflation (niveaux d’inflation moins élevés) au premier semestre de 2019. Il serait difficile d’avancer que les actions américaines sont surévaluées dans ce contexte.

Du point de vue des bénéfices, nous ne prévoyons pas une croissance aussi vigoureuse en 2019 qu’en 2018, mais nous nous attendons à ce que la croissance se poursuive. Malgré le ralentissement de l’indice PMI, l’indicateur de l’activité manufacturière laisse présager une croissance des bénéfices de 5 à 8 % en 2019. Nous admettons que les marges bénéficiaires ont peut-être atteint leur point culminant (les facteurs traditionnellement défavorables aux marges bénéficiaires sont le recul de l’activité manufacturière et l’élargissement des écarts de taux – deux conditions constatées au deuxième semestre de 2018). Cependant, s’il est probable que les marges bénéficiaires fléchiront cette année, nous ne pensons pas à ce stade qu’il en résultera une croissance négative des bénéfices.

Enfin, les marchés boursiers ont fortement rebondi après les corrections antérieures dans des conditions marquées par une expansion économique. Nous pensions l’an dernier qu’une correction des valorisations était justifiée, mais celle qui s’est produite a été exagérée. Globalement, nous pensons que les actions américaines se négocient à des cours intéressants et présentent, au chapitre des bénéfices, des fondamentaux positifs étayés par une économie en expansion.

Actions canadiennes – Le moment est-il enfin venu?

Qu’on le veuille ou non, des placements sur le marché boursier canadien se justifient. Au moins dans le sens où, lorsque le pétrole est bien orienté, l’indice composé S&P/TSX tend à l’être également, et vice versa... la plupart du temps en tout cas. En 2018, quand le cours du baril de pétrole est remonté au-dessus de la barre des 70 $ US, le TSX n’a pas suivi le mouvement. Le principal fautif de sa contre-performance, selon nous, a été l’écart entre les cours du pétrole dont nous avons parlé plus haut. Puis, lorsque cet écart s’est resserré en automne, il n’y a pas vraiment eu de quoi se réjouir puisque les cours du pétrole s’effondraient. 

En matière de placement, cependant, nous devons regarder de l’avant, plutôt que vers l’arrière. Les cours du pétrole sont difficiles à prévoir, mais compte tenu de la réduction de la production proposée par l’OPEP et le gouvernement de l’Alberta, l’offre mondiale de brut pourrait diminuer de nouveau, ce qui permettrait aux cours de remonter. On dit souvent que la solution lorsque les cours du pétrole sont bas (ou élevés) vient du fait que les cours du pétrole sont bas (ou élevés). Autrement dit, si la rentabilité des producteurs chute parallèlement aux cours, la production ralentit, l’offre se resserre et les cours remontent. Cela pourrait être le scénario le plus probable pour 2019. Les valorisations étant actuellement peu élevées dans le secteur de l’énergie, tout catalyseur positif susceptible de faire grimper les cours du brut pourrait être amplifié par une expansion des coefficients. 

Ce graphique linéaire suit l’évolution des ratios cours/bénéfices, cours/valeur comptable et cours/ventes des sociétés de services financiers qui composent l’indice S&P/TSX. Il montre que ces ratios sont à des creux historiques depuis peu, ce qui pourrait indiquer que les actions canadiennes de ce secteur sont sous-évaluées.
Ce graphique linéaire suit l’évolution des ratios cours/bénéfices, cours/valeur comptable et cours/ventes des sociétés de l’énergie qui composent l’indice S&P/TSX. Il montre que ces ratios sont à des creux historiques depuis peu, ce qui pourrait indiquer que les actions canadiennes de ce secteur sont sous-évaluées. Source : Bloomberg et Investissements Manuvie, au 31 décembre 2018.

L’autre moteur historique du rendement des actions canadiennes, qui est le secteur des services financiers, affiche également des valorisations attrayantes. Nous sommes conscients des risques qui planent sur l’économie canadienne en 2019 – taux d’intérêt alourdissant le fardeau des consommateurs, ralentissement de la croissance de l’emploi et affaissement des cours du pétrole tendant à coïncider avec une croissance plus faible du PIB –, mais nous avançons que le marché tient déjà compte de la plupart de ces éléments. Les titres du secteur des services financiers se négocient à leurs plus bas niveaux des 15 dernières années, ou près de ces niveaux, d’après certaines mesures dont les ratios coursvaleur comptable, cours-chiffre d’affaires et cours-bénéfice. Là encore, la stabilisation de l’économie canadienne sur fond de rajustement des valorisations offre un intéressant potentiel d’appréciation.

À nos yeux, et pour la première fois depuis des années, le marché boursier canadien paraît attrayant.

Voyez grand, ayez confiance, ne montrez jamais le moindre signe de faiblesse. Attaquez systématiquement. Achetez quand les cours sont bas, vendez quand ils sont élevés. La peur – c’est le problème des autres.

Louis Winthorp III (Dan Ackroyd), Trading Places

Actions internationales – Les perspectives restent favorables

Notre opinion reste inchangée à l’égard des occasions offertes par les actions internationales (généralement rangées dans les catégories des actions japonaises, européennes, asiatiques et des marchés émergents). Nous considérions ces titres avec optimisme en 2018 et nous avons été déçus. Cependant, nous avançons que leurs fondamentaux restent attrayants et nous maintenons leur surpondération.

Du point de vue des valorisations, les actions internationales demeurent à plus d’un écart-type meilleur marché que les actions américaines (qui se négocient elles-mêmes à des cours attrayants). Et nous avons beau constater un ralentissement de la croissance économique mondiale, nos travaux laissent présager le maintien de conditions favorables à la croissance des bénéfices. D’où le défi pour les investisseurs à l’heure actuelle. Certains éléments indiquent clairement que la conjoncture de croissance mondiale synchronisée s’est transformée en une conjoncture de croissance mondiale synchronisée ralentie. Si nous comparons la situation actuelle à celle de la fin de 2014 et du début de 2015, période de ralentissement mondial de plus grande envergure, il est difficile d’avancer que les conditions sont les mêmes. L’activité manufacturière mondiale a beau ralentir, elle poursuit son expansion. Idem pour le commerce mondial. Le débat reste ouvert pour déterminer dans quelle mesure le ralentissement est attribuable à la querelle commerciale sino-américaine ou à l’achèvement du cycle économique. Nous tendons à penser que l’influence dominante à court terme vient probablement des craintes liées au commerce. Par conséquent, dans la foulée d’un règlement favorable combiné aux mesures de relance annoncées récemment par la Chine (réduction du coefficient des réserves obligatoires), nous prévoyons une reprise des actions internationales.

Ce graphique à barres compare la valeur de divers indices boursiers non américains et la valeur de l’indice S&P 500, d’après les ratios cours/bénéfices des 12 derniers mois (valeur actuelle et moyenne sur 20 ans). Il indique que les actions internationales sont à un écart type meilleur marché que les actions américaines. Sources : Bloomberg et Investissements Manuvie, au 31 décembre 2018.

Titres à revenu fixe – Le pire est derrière nous.

Le taux de l’obligation du Trésor américain à 10 ans a franchi la barre des 3 % en 2018, allant jusqu’à 3,23 % avant de redescendre à 2,68 % à la fin de l’année. À l’instar d’autres observateurs du marché, nous avancions que le taux de l’obligation à 10 ans atteindrait 3,25 % en 2018. Cela a pris plus longtemps que nous le pensions, mais après quelques embûches, nous y sommes finalement arrivés. Naturellement, les marchés des actions ont réagi à la nouvelle... à la baisse. Traditionnellement, lorsque l’inflation et les taux d’intérêt augmentent, les valorisations baissent sur le marché boursier. C’est ce qui s’est produit au quatrième trimestre. 

Tout d’abord, nous aimerions souligner que les investisseurs devraient mettre en perspective le pourcentage potentiel de hausse des taux par rapport à l’augmentation des taux à ce jour. Bien que nous ne soyons pas encore complètement au bout de nos peines en ce qui concerne la hausse des taux d’intérêt, nous pensons que la plus grande partie de l’augmentation a eu lieu.

Ce graphique linéaire suit l’évolution du taux des obligations du Trésor américain à dix et à deux ans, de même que du taux directeur de la Réserve fédérale américaine, de 2016 à 2018. Il indique que l’ascension rapide des taux observée dans la dernière année est peu susceptible de se reproduire, donc que le pire du marché baissier est probablement derrière les investisseurs. Sources : Bloomberg et Investissements Manuvie, au 31 décembre 2018.

Il est peu probable qu’une hausse des taux survienne à nouveau.

En général, les taux des obligations à 10 ans, des obligations à deux ans et des fonds fédéraux tendent à converger vers la fin du cycle économique et du cycle de resserrement monétaire. La situation est dans l’ensemble semblable à ce qui a été observé par le passé, car le taux des obligations à 2 ans a grimpé plus rapidement que le taux des obligations à 10 ans, entraînant un aplatissement substantiel, quoique graduel, de la courbe des taux.

La Fed a laissé entendre que le cycle de hausse des taux d’intérêt approche de sa conclusion. Nous prévoyons deux nouveaux tours de vis en 2019, à moins que la Fed ne relève les taux qu’à une seule reprise avant d’interrompre ce cycle de resserrement. Par conséquent, les pressions à la hausse qui s’exercent sur le taux devraient s’atténuer dans le segment des obligations à deux ans et de façon encore plus notable dans celui des titres à 10 ans. Bref, à moins que les investisseurs ne tablent sur une autre hausse des taux obligataires, la période la pire du marché baissier est derrière nous.

Au Canada, les hausses de taux orchestrées par la Banque du Canada ont pesé sur la consommation, comme en a témoigné la croissance négative des ventes d’automobiles sur 12 mois. Le surendettement des consommateurs canadiens commence à se faire sentir après les cinq hausses des taux imprimées par la Banque du Canada depuis 2017. Aussi pensons-nous que la banque centrale canadienne mettra beaucoup plus de temps que la Fed à relever les taux, ou s’en abstiendra purement et simplement. Cela garantira la stabilité des taux le long de la courbe au Canada et maintiendra le dollar canadien dans une fourchette allant de 0,72 $ US à 0,76 $ US.

En 2018, les porteurs de titres de créance ont été doublement frappés par les hausses de taux d’intérêt des banques centrales et par l’élargissement des écarts. Mais sachant que les taux des obligations de pacotille sont de l’ordre de 7 % et ceux des obligations de la catégorie investissement atteignent 4 % et plus, nous pensons là encore que les porteurs de titres de créance connaîtront une meilleure année.

La revue Psychology Today a publié un article traitant de la différence entre la peur et l’anxiété. L’auteure y décrivait les deux de la façon suivante :

« La peur est généralement considérée comme une réaction à quelque chose d’immédiat qui menace votre sécurité, comme lorsque vous êtes surpris par quelqu’un qui jaillit soudainement de derrière un buisson et vous saute dessus. L’émotion rattachée est un sentiment d’effroi qui vous avertit d’un risque de blessure physique, ce qui vous incite à vous protéger. »

« L’anxiété est un état général de détresse qui dure plus longtemps que la peur et qui est habituellement déclenché par quelque chose de non spécifique, bien qu’elle produise une stimulation physiologique, comme la nervosité et l’appréhension. »

Les investisseurs peuvent ressentir de l’anxiété à l’égard du marché, mais j’aurais tendance à dire que c’est la peur qui est à l’origine de leurs réactions. Le dernier trimestre de 2018 a assurément déclenché une réaction de peur parmi les investisseurs, dans le sens où bon nombre d’entre eux ont choisi de prendre la fuite. Selon l’Investment Company Institute, qui suit les mouvements de capitaux dans les fonds communs de placement et les FNB aux États-Unis, les investisseurs ont demandé le rachat d’environ 60 milliards de dollars américains de titres de fonds (et de FNB) d’actions et équilibrés en décembre. Les sorties de fonds n’avaient pas connu une telle ampleur depuis octobre 2008.

Ce graphique suit l’évolution des souscriptions nettes de parts de fonds communs de placement et de FNB (fonds d’actions et fonds équilibrés), du rendement sur un an de l’indice S&P 500, et de la moyenne mobile sur 12 mois des souscriptions de parts de fonds. Il montre que la volatilité de l’indice S&P 500 a mené les investisseurs à sortir énormément de fonds à la fin 2018. Sources : ICI, Bloomberg et Investissements Manuvie, au 31 décembre 2018.

Un grand nombre d’investisseurs en actions (fonds communs de placement et FNB) se sont retirés du marché en décembre, un mois marqué par les plus importantes sorties de fonds enregistrées depuis 2008.

« Dans une étude sur la prise de risque, les participants qui avaient peur ont systématiquement porté des jugements et fait des choix témoignant d’un certain pessimisme amplifié par leur perception du risque dans une situation donnée, contrairement aux participants heureux ou en colère qui avaient plus tendance à faire abstraction du risque en portant des jugements et en faisant des choix relativement optimistes. »

Source : « The complexity of fear », Mary C. Lamia, Ph. D., Psychology Today, décembre 2011

Il n’est pas surprenant que les investisseurs aient peur. Cependant, comme le fait observer l’auteure de l’article, la crainte est une émotion qui peut déclencher un mécanisme de défense susceptible d’occulter la réalité. En fait, il se pourrait même que les investisseurs ne réagissent pas aux réalités de la conjoncture du marché, mais à une peur antérieure – celle de la débâcle du marché de 2008-2009. 

Nous devons apaiser les craintes de nos clients pour qu’ils ne cèdent pas à un mauvais comportement. La meilleure façon d’y parvenir est de veiller à ce qu’ils soient mieux informés. Rationnellement, comme nous l’avons décrit plus haut dans la revue et les perspectives, à nos yeux, les conditions économiques n’ont rien à voir avec celles de la récession de 2008 ni avec celles du dernier ralentissement cyclique de 2015. Si notre évaluation de la conjoncture est exacte, sauf en cas d’erreur stratégique de la part des autorités des grandes puissances économiques, le PIB mondial devrait poursuivre sa croissance, à un rythme certes modéré, les bénéfices devraient continuer à croître et les valorisations sont nettement plus attrayantes cette année que l’an dernier.

Les placements ne sont pas une science exacte. Ils relèvent davantage d’un exercice basé sur les probabilités. Or, à en juger par l’activité du marché le trimestre dernier, nous pensons que les probabilités sont favorables aux investisseurs. Par conséquent, nous préférons toujours surpondérer légèrement les actions par rapport aux titres à revenu fixe à l’aube de 2019 en y allouant respectivement 65 et 35 % de l’actif. Parmi les actions, les possibilités sont intéressantes dans de nombreuses régions, comme nous l’avons souligné plus haut. Nous privilégions toujours les actions internationales par rapport aux titres américains et canadiens, mais nous pensons que les rendements seront peut-être plus homogènes en 2019. Parmi les titres à revenu fixe, la période de hausse rapide des taux d’intérêt étant terminée, nous misons sur les titres à rendement plus élevés, comme les obligations à rendement élevé, les prêts à effet de levier, les obligations de la catégorie investissement et les titres de créance des marchés émergents. 

Globalement, nous prévoyons une conjoncture plus favorable aux placements qu’au quatrième trimestre. Si nous devions choisir un thème pour l’année 2019, nous proposerions aux investisseurs de voyager avec prudence, et non avec crainte.

L’augmentation des taux d’intérêt entraîne généralement la diminution des cours obligataires. Plus la durée moyenne des obligations détenues dans un fonds est longue, plus le fonds risque d’être sensible aux fluctuations des taux d’intérêt. Le rendement d’un fonds fluctue en fonction de la variation des taux d’intérêt. 

Le risque de change s’entend du risque que la fluctuation des taux de change ait un effet négatif sur la valeur des placements détenus dans un fonds.

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Kevin Headland, CIM

Kevin Headland, CIM, 

Co-stratège en chef des placements

Gestion de placements Manuvie

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Macan Nia, CFA

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