L’hiver vient

« L’hiver vient » est la devise de la Maison Stark dans la série télévisée Game of Thrones de HBO, acclamée par la critique. Ces mots constituent un avertissement et une invitation à être constamment vigilant. Les Stark, les gardiens du Nord, s’efforcent de toujours se préparer à l’arrivée de l’hiver, qui frappe le plus durement leurs terres. Vous vous demandez peut-être ce que cela a à voir avec les placements? Nous pensons qu’il y a une analogie avec la répartition de l’actif. Au lieu de l’hiver, les investisseurs doivent envisager une possible récession. Soyons clairs, nous ne pensons pas que la probabilité d’une récession en 2019 soit particulièrement élevée. En fait, nous sommes d’avis qu’aucun des signes annonciateurs d’une récession n’est présent aujourd’hui. Cependant, il est clair que le cycle économique touche à sa fin. Aux États-Unis, l’expansion économique actuelle est la deuxième plus longue de l’après Seconde Guerre mondiale et, en juillet, elle deviendra la plus longue de l’histoire. Bien que le spectacle ne soit pas terminé, il est clair que nous en sommes au troisième acte. 

Ce graphique à barres montre la durée (en nombre de mois) des reprises et des replis de l’économie américaine, des sommets aux creux, de 1948 à mars 2019. Aux États-Unis, la période en cours est la deuxième reprise économique en importance depuis la Deuxième Guerre mondiale. Elle était de 117 mois au 31 mars 2019. En juillet, elle deviendra la reprise la plus longue de l’histoire. De 1948 à 2007, la durée moyenne d’une récession a été d’environ 11 mois, et celle d’une reprise, d’environ 58 mois.

Sachant que nous sommes plus proches de la fin que du milieu du cycle économique, quelle serait la stratégie de répartition de l’actif qui permettrait de traverser la prochaine récession dans les meilleures conditions? Pour répondre à cette question, nous avons examiné les six dernières récessions survenues aux États-Unis (1974, 1980, 1981-1982, 1990 et 2008) et le rendement de divers indices/catégories d’actifs. Plus précisément, nous avons examiné le rendement des actions américaines (indice S&P 500), des obligations d’État américaines, des obligations de sociétés américaines de qualité, des obligations américaines à rendement élevé, de l’or, du pétrole et du dollar canadien sur les périodes suivantes : 12 et 24 mois précédant la récession (période considérée comme étant la phase la plus avancée du cycle), pendant la récession, du sommet au creux du marché boursier, un an après le creux et, pour finir, 12 et 24 mois après la récession (période considérée comme étant le début de la croissance).

Cela peut paraître surprenant, mais il n’y a pas de corrélation claire et répétée pour ce qui est du rendement des produits de base et de la monnaie lors des six dernières récessions. Par exemple, l’année précédant les récessions de 1974, 1980 et 2008, l’or a été un excellent placement avec un rendement moyen de 67 %. Par contre, pendant les récessions de 1981-1982, 1990 et 2001, l’or a dégagé un très mauvais rendement de -16 %. Ce manque de corrélation existe également pour le pétrole et la valeur du dollar canadien par rapport au dollar américain.

Cependant, comme le montre le tableau ci-dessous, certains thèmes généraux se dégagent et aucun d’eux ne devrait être une surprise. 

Ce graphique à barres montre les rendements moyens de cinq catégories d’actif avant et après les récessions, de 1973 à 2018. Les catégories d’actif sont les suivantes : l’indice S&P 500, les obligations totales américaines, les obligations d’État américaines, les obligations de société de qualité américaines, et les obligations à rendement élevé américaines. Plusieurs périodes sont étudiées : les 12 et 24 mois ayant précédé la récession, toute la durée de la récession, du sommet au creux des marchés boursiers, l’année ayant suivi le creux, et les 12 et 24 mois post-récession.
Ce tableau fait suite au graphique précédent et montre les rendements moyens de l’indice S&P 500, des obligations d’État américaines, des obligations de société de qualité américaines, des obligations à rendement élevé américaines, et du dollar canadien. Plusieurs périodes sont étudiées : les 12 et 24 mois ayant précédé la récession, toute la durée de la récession, du sommet au creux des marchés boursiers, l’année ayant suivi le creux, et les 12 et 24 mois post-récession. Les données relatives aux obligations d’État et de société américaines sont en date de 1980. Les données relatives aux obligations à rendement élevé américaines sont en date de 1990.

Le premier thème que nous voudrions souligner est que les investisseurs peuvent délaisser les actions au profit des titres à revenu fixe deux ans avant une récession sans renoncer à un rendement élevé.

Il n’est pas surprenant que l’indice S&P 500 dégage généralement un rendement supérieur à celui des obligations d’État américaines au cours des deux années qui précèdent une récession. Au cours des cinq dernières récessions, le rendement annualisé moyen de l’indice S&P 500 et de l’indice des obligations d’État américaines a été respectivement de 8,3 % et 6,1 % (il est à noter que les données sur les titres à revenu fixe ne sont pas disponibles pour la période de 24 mois précédant la récession de 1974).

Au cours des douze mois précédant une récession, la décision entre actions et obligations n’est pas évidente. Les actions ont dégagé un rendement supérieur d’en moyenne 9,5 % à celui des obligations d’État lors de trois des six récessions. Toutefois, l’avantage procuré par les obligations est beaucoup plus évident en période de récession, l’indice S&P 500 et l’indice des obligations d’État américaines ayant enregistré des rendements moyens respectifs de -7,7 % et 12,5 % au cours des six dernières récessions.

Nous continuons d’entendre (et l’avons même prêché nous-mêmes) que, par le passé, les actions ont continué leur progression après l’inversion de la courbe des taux et à l’approche d’une récession. Bien que cela soit vrai, ce que nos travaux mettent en évidence est que si les investisseurs s’inquiètent qu’une récession survienne dans les 24 prochains mois, il n’est pas trop tôt pour opter pour une répartition de l’actif plus défensive. Autrement dit, « ne ramassez pas des sous devant un rouleau compresseur ». Cette métaphore a été créée pour illustrer le fait que certains investisseurs ont par le passé investi dans les actions pour réaliser de faibles gains et n’ont pas pris garde à la destruction massive qui s’abattait lentement sur eux. Avec cela à l’esprit et compte tenu du stade atteint par le cycle économique actuel, il pourrait être intéressant de tirer parti des reprises pour liquider une partie des actions et réinvestir le produit dans les titres à revenu fixe. Cette stratégie pourrait générer un moins bon rendement à court terme, mais elle portera ses fruits si une récession (et un marché baissier) survient.

Le deuxième thème que nous voudrions souligner est que l’histoire a montré que les investisseurs ont intérêt à relever la qualité des titres de créance de leur portefeuille avant une récession.

À l’exception de la récession de 1990, les investisseurs qui ont relevé la qualité des obligations de leur portefeuille dans les douze mois précédant la récession ont dégagé de meilleurs rendements. En moyenne, les obligations d’État américaines ont dégagé un rendement supérieur de 4,0 % à celui des titres de créance américains au cours des 12 mois qui ont précédé la récession. La récession de 1990 a fait exception à la règle puisque les titres de créance américains ont affiché une performance supérieure de moins de 1 % à celle des obligations d’État américaines. Par conséquent, les investisseurs n’ont pas vraiment été pénalisés pour avoir relevé la qualité des titres à revenu fixe de leur portefeuille. Il n’y a pas de données sur le rendement des obligations américaines à rendement élevé avant la récession de 1990, mais depuis ce moment, les obligations d’État américaines, les titres de créance américains et les obligations américaines à rendement élevé ont dégagé en moyenne des rendements respectifs de 9,5 %, 8,1 % et 1,7 %, ce qui cadre bien avec l’importance de relever la qualité des titres à revenu fixe dans un portefeuille équilibré avant une récession. 

Le troisième thème que nous avons remarqué consiste à revenir aux actions et/ou réduire la qualité des titres de créance à la fin de la récession.

Cela n’a rien d’innovateur, mais la rapidité avec laquelle les actions réintègrent un portefeuille sera probablement un facteur plus important à la fin de la prochaine récession pour profiter de la reprise. En règle générale, les investisseurs n’ont pas renoncé à un rendement important en détenant des titres de créance américains ou des obligations américaines à rendement élevé plutôt que des actions, à la fin d’une récession. Au cours des quatre dernières récessions (trois pour les obligations à rendement élevé), l’indice S&P 500, les titres de créance américains et les obligations américaines à rendement élevé ont dégagé un rendement moyen d’environ 44 %, 17 % et 46 %. 

En ce qui concerne la prochaine récession, nous sommes d’avis que le retour aux actions sera plus important que le potentiel de hausse des obligations, puisque les taux obligataires sont aujourd’hui sensiblement plus faibles que par le passé. Par exemple, à la fin des récessions de 1990, 2001 et 2008, le taux de l’obligation du Trésor américain à 10 ans était respectivement 8,1 %, 4,8 % et 3,5 %. Depuis la crise financière de 2008, le taux des obligations du Trésor américain à 10 ans est tombé à un creux de 1,36 % (8 juillet 2016) et pourrait tomber encore plus bas d’ici la fin de la prochaine récession. En raison de la faiblesse des taux d’intérêt, nous pensons qu’il sera plus important de réinvestir rapidement dans les actions afin de maximiser les rendements du portefeuille.

Nous pensons qu’au stade actuel du cycle économique et du cycle de marché, et en raison de ce qui pourrait se produire au cours des 24 prochains mois, délaisser les actions au profit des obligations peut réduire le risque de baisse sans renoncer à un rendement important. Au cours des six dernières récessions, le repli enregistré du sommet au creux du marché a été d’environ 36 %. Étant donné que l’horizon de placement de nombreux Canadiens s’est réduit au cours des 10 dernières années (âge médian de la population plus élevé et donc plus proche de la retraite), les investisseurs n’ont peut-être pas le temps ni l’envie d’attendre et de récupérer les pertes subies pendant un marché baissier. Nous n’insinuons pas qu’une récession ou un marché baissier est imminent, mais il faut être conscient de la longueur du cycle économique actuel et de la phase dans laquelle nous nous trouvons. Nous pensons donc qu’une répartition équilibrée de l’actif devenant de plus en plus défensive au cours de l’année à venir pourrait s’avérer judicieuse.

Dans Game of Thrones, Ned Stark déclare : « lorsque la neige tombe et que le vent souffle, le loup solitaire meurt, mais la meute survit », ce qui est une autre manière de penser à la répartition de l’actif de votre propre portefeuille. 

Annexe :

Ce tableau fait suite au précédent. Il se concentre sur la récession de 1974 et montre les rendements moyens de l’indice S&P 500, des obligations totales américaines, des obligations d’État américaines, des obligations de société de qualité américaines, des obligations à rendement élevé américaines, de l’or, du pétrole, et du dollar canadien. Plusieurs périodes sont étudiées : les 12 et 24 mois ayant précédé la récession, toute la durée de la récession, du sommet au creux des marchés boursiers, l’année ayant suivi le creux, et les 12 et 24 mois post-récession.
Ce tableau fait suite au précédent. Il se concentre sur la récession de 1980 et montre les rendements moyens de l’indice S&P 500, des obligations totales américaines, des obligations d’État américaines, des obligations de société de qualité américaines, des obligations à rendement élevé américaines, de l’or, du pétrole, et du dollar canadien. Plusieurs périodes sont étudiées : les 12 et 24 mois ayant précédé la récession, toute la durée de la récession, du sommet au creux des marchés boursiers, l’année ayant suivi le creux, et les 12 et 24 mois post-récession.
Ce tableau fait suite au précédent. Il se concentre sur la récession de 1981-1982 et montre les rendements moyens de l’indice S&P 500, des obligations totales américaines, des obligations d’État américaines, des obligations de société de qualité américaines, des obligations à rendement élevé américaines, de l’or, du pétrole, et du dollar canadien. Plusieurs périodes sont étudiées : les 12 et 24 mois ayant précédé la récession, toute la durée de la récession, du sommet au creux des marchés boursiers, l’année ayant suivi le creux, et les 12 et 24 mois post-récession.
Ce tableau fait suite au précédent. Il se concentre sur la récession de 1990 et montre les rendements moyens de l’indice S&P 500, des obligations totales américaines, des obligations d’État américaines, des obligations de société de qualité américaines, des obligations à rendement élevé américaines, de l’or, du pétrole, et du dollar canadien. Plusieurs périodes sont étudiées : les 12 et 24 mois ayant précédé la récession, toute la durée de la récession, du sommet au creux des marchés boursiers, l’année ayant suivi le creux, et les 12 et 24 mois post-récession.
Ce tableau fait suite au précédent. Il se concentre sur la récession de 2001 et montre les rendements moyens de l’indice S&P 500, des obligations totales américaines, des obligations d’État américaines, des obligations de société de qualité américaines, des obligations à rendement élevé américaines, de l’or, du pétrole, et du dollar canadien. Plusieurs périodes sont étudiées : les 12 et 24 mois ayant précédé la récession, toute la durée de la récession, du sommet au creux des marchés boursiers, l’année ayant suivi le creux, et les 12 et 24 mois post-récession.
Ce tableau fait suite au précédent. Il se concentre sur la récession de 2008 et montre les rendements moyens de l’indice S&P 500, des obligations totales américaines, des obligations d’État américaines, des obligations de société de qualité américaines, des obligations à rendement élevé américaines, de l’or, du pétrole, et du dollar canadien. Plusieurs périodes sont étudiées : les 12 et 24 mois ayant précédé la récession, toute la durée de la récession, du sommet au creux des marchés boursiers, l’année ayant suivi le creux, et les 12 et 24 mois post-récession.
Ce tableau fait suite au précédent. Il tient compte des périodes de récession de 1973 à ce jour et montre les rendements moyens de l’indice S&P 500, des obligations totales américaines, des obligations d’État américaines, des obligations de société de qualité américaines, des obligations à rendement élevé américaines, de l’or, du pétrole, et du dollar canadien. Plusieurs périodes sont étudiées : les 12 et 24 mois ayant précédé la récession, toute la durée de la récession, du sommet au creux des marchés boursiers, l’année ayant suivi le creux, et les 12 et 24 mois post-récession.

L’augmentation des taux d’intérêt entraîne généralement la diminution des cours obligataires. Plus la durée moyenne des obligations détenues dans un fonds est longue, plus le fonds risque d’être sensible aux fluctuations des taux d’intérêt. Le rendement d’un fonds fluctue en fonction de la variation des taux d’intérêt.

Le risque de change s’entend du risque que la fluctuation des taux de change ait un effet négatif sur la valeur des placements détenus dans un fonds.

Le présent document est réservé à l’usage exclusif des personnes ayant le droit de le recevoir aux termes des lois et des règlements applicables des territoires de compétence; il a été produit par Investissements Manuvie et les opinions exprimées sont celles d’Investissements Manuvie au moment de la publication, et pourraient changer en fonction de la conjoncture du marché et d’autres conditions. Bien que les renseignements et/ou analyses du présent document aient été compilés ou formulés à l’aide de sources jugées fiables, Investissements Manuvie ne donne aucune garantie quant à leur précision, leur exactitude, leur utilité ou leur exhaustivité, et n’accepte aucune responsabilité pour toute perte découlant de l’utilisation du présent document ou des renseignements et/ou des analyses qu’il contient. Les renseignements fournis dans le présent document, y compris les énoncés concernant les tendances des marchés des capitaux, sont fondés sur la conjoncture, qui évolue au fil du temps. Ces renseignements peuvent changer à la suite d’événements ultérieurs touchant les marchés ou pour d’autres motifs. Investissements Manuvie n’est nullement tenue de mettre à jour ces renseignements. Ni Investissements Manuvie, ni ses sociétés affiliées, ni leurs administrateurs, dirigeants et employés n’assument de responsabilité pour quelque perte ou dommage direct ou indirect, ou quelque autre conséquence que pourrait subir quiconque agit sur la foi des renseignements du présent document.

Tous les aperçus et commentaires sont de nature générale et ponctuelle. Quoiqu’utiles, ces aperçus ne remplacent pas les conseils d’un spécialiste en fiscalité, en placement ou en droit. Il est recommandé aux clients de consulter un spécialiste qui évaluera leur situation personnelle. Ni Manuvie, ni Investissements Manuvie, ni leurs sociétés affiliées, ni leurs représentants ne fournissent de conseils dans le domaine de la fiscalité, des placements ou du droit. Les rendements passés ne garantissent pas les résultats futurs. Le présent document a été préparé à titre informatif seulement et ne constitue ni une offre ni une invitation à quiconque, de la part d’Investissements Manuvie, à acheter ou à vendre un titre, non plus qu’il indique une intention d’effectuer une opération dans un fonds ou un compte géré par Investissements Manuvie. Aucune stratégie de placement ni aucune technique de gestion des risques ne peuvent garantir le rendement ni éliminer les risques. À moins d’indication contraire, toutes les données proviennent d’Investissements Manuvie.

Le présent commentaire reflète les opinions des sous-conseillers d’Investissements Manuvie. Ces opinions peuvent changer selon l’évolution du marché et d’autres conditions. La souscription de fonds communs de placement peut donner lieu à des commissions, à des commissions de suivi, à des frais de gestion et à d’autres frais. Veuillez lire le prospectus des fonds avant d’effectuer un placement. Les fonds communs de placement ne sont pas garantis, leur valeur liquidative varie fréquemment et les rendements passés peuvent ne pas se reproduire. Les Fonds Manuvie, les Catégories de société Manuvie et les Portefeuilles Leaders Manuvie sont gérés par Investissements Manuvie, division de Gestion d’actifs Manuvie limitée. 

Kevin Headland, CIM

Kevin Headland, CIM, 

Co-stratège en chef des placements

Gestion de placements Manuvie

Lire la bio
Macan Nia, CFA

Macan Nia, CFA, 

Co-stratège en chef des placements

Gestion de placements Manuvie

Lire la bio