Quels facteurs ont entraîné une baisse des taux obligataires?

Le terme transitoire devrait désigner le taux des titres du Trésor américain à 10 ans, et non l’inflation

Le billet du Trésor américain à 10 ans est passé de 1,75 % au 31 mars 2021 à 1,19 % au 19 juillet 2021. Il s’agit d’un revirement marqué après une hausse constante à partir de 0,61 % au cours de la dernière année. Il n’existe aucun consensus clair sur les facteurs qui ont entraîné la baisse des taux au cours des trois derniers mois.

De notre point de vue, nous pensons qu’il y a de nouvelles craintes que le variant Delta, qui devient la souche dominante, ralentisse le processus de réouverture partout dans le monde. Si c’est le cas, le marché indique que les attentes de bénéfices sont trop élevées et ne sont pas soutenues par les niveaux de valorisation actuels, et que l’inflation est effectivement transitoire et risque de chuter sous la barre des 2 %.

L’évolution du billet du Trésor américain à 10 ans a également été exacerbée par la ruée vers ce titre, le niveau (ou l’absence) de liquidité durant l’été et les facteurs saisonniers. En ce qui a trait à ce dernier point, le tableau ci-dessous illustre les variations moyennes en points de base sur 10 ans. Au cours des 10 dernières années, on constate une baisse du taux du billet du Trésor de mars à août (sauf en juin), puis une augmentation en septembre qui se poursuit jusqu’en décembre. Bien que cette année ait été un peu différente, affichant une vigueur au cours des trois premiers mois de l’année, la tendance observée en avril et en mai est conforme à la tendance saisonnière. La situation la plus plausible est qu’en septembre, nous aurons une confirmation que l’inflation se stabilise à un niveau élevé, que le camp qui l’estimait transitoire commencera à délaisser cette position, et que la Réserve fédérale américaine (Fed) se montrera plus ferme. Le tout devrait entraîner une hausse des taux et des attentes d’inflation.

Ce tableau montre les variations moyennes en points de base du billet du Trésor américain à 10 ans de 2011 à 2021.
Sources : Gestion de placements Manuvie et Bloomberg, au 21 juin 2021

Nous avons décrit la reprise après la pandémie comme étant un processus où l’on fait « deux pas en avant et un pas en arrière » : l’orientation de l’économie et des marchés serait à la hausse, mais vulnérable aux reculs. Après une période de forte activité économique, le rythme de la croissance a probablement déjà atteint son sommet. Cependant, les données économiques ne laissent aucunement présager un ralentissement marqué ou une récession.

Nous pensons que le terme transitoire ne devrait pas servir à désigner la trajectoire de l’inflation, mais plutôt la récente baisse des taux. Au cours de l’évolution de la pandémie de COVID-19, les marchés mondiaux ont montré que nous sommes de plus en plus à même de faire face à des revers momentanés causés par le virus. À moyen et à long terme, les données fondamentales de l’économie et des marchés demeurent constructives, les banques centrales du monde restant conciliantes et les consommateurs étant disposés à dépenser, et soutenues par un bilan solide et une hausse de l’emploi. Nous croyons qu’une économie vigoureuse continuera d’exercer des pressions à la hausse sur l’inflation et les taux, comme nous l’avons récemment souligné dans notre article intitulé « Le consensus continue de croire que l’inflation est passagère… mais l’est-elle vraiment? ».

Quelles sont les répercussions sur les marchés?

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Au cours de l’été, la combinaison d’une Réserve fédérale américaine potentiellement moins accommodante, d’un sommet de la croissance économique et d’une hausse de la valorisation troublera très probablement les marchés. Cependant, une quantité historique de liquidités demeure sur la touche. Les reculs pourront donc difficilement se transformer en correction ou en marché baissier. En mai, nous avons observé un recul d’environ 4 % avant que les liquidités ne rentrent en jeu. Ainsi, les ingrédients restent en place pour que tout recul soit éphémère.

Titres à revenu fixe

Peu importe les fluctuations du marché à court terme, notre équipe essaie toujours de comprendre où se trouve l’équilibre entre les risques. En ce qui concerne les marchés des titres à revenu fixe actuels, nous devons nous demander quel est le risque d’avoir tort. Si les titres que vous détenez ont une durée plus courte et que les taux diminuent, vous pourriez réaliser quelques gains sur vos placements en titres à revenu fixe. Cependant, s’ils ont une durée plus longue et que les taux augmentent, vous risquez d’obtenir un rendement négatif.

Compte tenu de la forte croissance économique et d’une inflation qui, selon nous, demeurera supérieure à 2 %, il est plus probable que le taux des titres du Trésor à 10 ans ait tendance à augmenter au cours des 12 prochains mois, et non l’inverse. C’est pourquoi nous continuons de privilégier une durée plus courte et de favoriser les obligations. La baisse actuelle des taux pourrait offrir une autre occasion de rajuster la durée des portefeuilles de titres à revenu fixe.

Macan Nia
Stratège principal des placements
Gestion de placements Manuvie

Macan Nia, CFA

Macan Nia, CFA, 

Co-stratège en chef des placements

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Kevin Headland, CIM

Kevin Headland, CIM, 

Co-stratège en chef des placements

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