La fin de la pause de la Banque du Canada : à quoi peut-on s’attendre?

La Banque du Canada (BdC) a mis fin à sa pause et effectivement relancé son cycle de resserrement monétaire en augmentant les taux d'intérêt de 25 points de base supplémentaires et en signalant qu'il pourrait y avoir d'autres hausses à l'avenir. La BdC a maintenant relevé ses taux de 450 points de base en moins de 18 mois, ce qui en fait l'un des cycles de hausse les plus agressifs de l'histoire économique moderne du Canada.

La prochaine réunion de la banque centrale est le 12 juillet et, à moins que certaines données ou certains événements ne surprennent, nous ne pouvons pas exclure une nouvelle hausse des taux. En effet, il est probable que les inquiétudes de la BdC par rapport au fait que « l'inflation mesurée par l'IPC pourrait rester sensiblement supérieure à l'objectif de 2 % » et que « la politique monétaire n'est pas suffisamment restrictive pour rétablir l'équilibre entre l'offre et la demande et ramener durablement l'inflation à l'objectif de 2 % » persistent.

Compte tenu du temps nécessaire pour que les changements de politique monétaire se répercutent sur l'économie et du fait que le taux directeur est déjà nettement supérieur à son taux neutre, la question cruciale, selon nous, n'est pas de savoir si la BdC va procéder à une nouvelle hausse ou non. Nous nous concentrons plutôt sur trois thèmes plus importants pour l'économie du pays au cours de l'année à venir :

  • Les banques centrales mondiales maintiennent volontairement les taux à un niveau élevé alors que nous nous dirigeons probablement vers une récession.

Nous pensons que la plupart des banques centrales des grands pays développés, y compris la BdC, continueront à relever ou à maintenir les taux à un niveau élevé pendant une bonne partie du prochain ralentissement économique. La principale raison est qu'il existe encore certains segments de demande excédentaire dans l'économie alors que ce cycle post-COVID est désynchronisé. Par exemple, la consommation des ménages au Canada continue de défier la réalité, avec une tendance largement supérieure à ce qu'elle aurait dû être si elle avait simplement suivi ses tendances pré-COVID.

Il faudra également un certain temps pour que l'inflation mondiale diminue et, même lorsqu’elle aura diminué, nous continuerons à faire face à des niveaux d'augmentation de prix plus élevés qu'avant la COVID. Les banques centrales resteront donc beaucoup plus restrictives que lors des récessions précédentes et la barre pour baisser les taux sera portée à son plus haut niveau depuis les années 1970.

  • Certains consommateurs canadiens montrent déjà des signes de détresse (qui risquent de s'accentuer).

Bien que le Canada continue de créer des emplois et que le commerce de détail ait été robuste jusqu'à présent, nous sommes préoccupés par les défis auxquels les consommateurs canadiens seront confrontés pendant le reste de l'année 2023 et en 2024.

Au cours de la dernière année, la vigueur de la consommation a été largement alimentée par l'excès d'épargne, la disponibilité du crédit et la croissance des salaires (bien qu'en termes réels, la croissance des salaires ne soit devenue positive qu'au cours des deux derniers mois, après presque deux années de croissance du revenu réel négative). Toutefois, si l'on se tourne vers l'avenir, cette vigueur semble insoutenable. Il est clair que la part du revenu des consommateurs consacrée au service de la dette (ex : hypothèques et cartes de crédit) est déjà élevée et augmente. En fait, les cas d'insolvabilité ont déjà commencé à augmenter, ce qui est inquiétant. 

Les cas d'insolvabilité sont en hausse au Canada

Insolvabilités désaisonnalisées

Graphique linéaire montrant que les défaillances de consommateurs canadiens ont tendance à augmenter.

Source : Gestion de placements Manuvie, Macrobond, en date d'avril 2023. 

  • Les hausses de taux ne résoudront pas à elles seules nos problèmes d'inflation.

Le problème est que la BdC tente de remédier à une inflation élevée (son seul mandat!) alors que la hausse des prix est due à différents facteurs, dont beaucoup ne sont pas sensibles aux taux d'intérêt au Canada.

Par exemple, les prix de la nourriture, qui contribuent pour près d'un tiers à l'inflation globale au Canada aujourd'hui, sont élevés à l'échelle mondiale et dépendent des conflits, des conditions météorologiques et des problèmes de chaîne d'approvisionnement. Les prix de l'énergie, qui ont récemment contribué à faire baisser l'indice des prix à la consommation (IPC), sont volatils et risquent de repartir à la hausse en raison des pays de l'OPEP+ qui ont réduit leur production pour tenter de faire remonter les prix. Nous sommes également d'accord avec les récentes conclusions de la Fed de San Francisco selon lesquelles la croissance des coûts de la main-d'œuvre n'est responsable que d'un faible pourcentage de la dynamique récente de l'inflation de base (hors logement). Cela signifie que le simple fait de réduire la demande de main-d'œuvre en dissuadant les entreprises d'emprunter et les consommateurs de dépenser ne résoudra pas tous nos problèmes d'inflation.

Il convient également de souligner que 0,8 % du 4,4 % de l'IPC (variation sur 12 mois) est lié aux coûts des taux d’intérêt hypothécaires, qui sont élevés en raison des précédentes hausses de taux de la BdC. Les prix des loyers devraient également rester élevés avec la BdC qui rend l'accès à la propriété plus difficile alors que la forte croissance démographique continue de stimuler la demande de logements. Bien que des taux d'intérêt plus élevés puissent aider à réduire certains éléments de l'inflation canadienne tels que les services et certains biens durables coûteux, nous nous attendons à ce que l'inflation globale reste relativement élevée au cours des 18 prochains mois malgré des taux d'intérêt plus élevés (et malgré une récession, en partie, induite par la BdC).

L'important pour le marché n'est pas tant de savoir si la BdC relèvera ou non ses taux d'intérêt, mais plutôt de savoir quand elle commencera à les réduire et dans quelle mesure. Nous prévoyons actuellement que la BdC ne commencera à réduire ses taux qu’au début de 2024, mais cette prévision est rendue plus difficile par deux forces contradictoires. D'une part, le risque de récession est plus important au Canada qu'aux États-Unis, en raison du niveau d'endettement nettement plus élevé des ménages. D'autre part, la bulle immobilière canadienne va, implicitement, favoriser une politique monétaire plus restrictive de la part de la BdC, et ça, pour plus longtemps.

Si la banque centrale peut influer sur les taux hypothécaires, elle ne contrôle pas l'environnement de l'offre au Canada (construction, réglementations de zonage, objectifs d'immigration ou délai d'obtention d'un permis de construire). Une fois de plus, nous demandons injustement à la banque centrale de guérir le mal dont souffre le Canada. Qu'il y ait ou non des hausses, le secteur de l'immobilier présente un problème structurel qu'il sera difficile pour la BdC de résoudre à elle seule.

En fin de compte, nous nous attendons à ce que l'équilibre de ces pouvoirs se traduise par des réductions au cours des 12 prochains mois, même si la BdC se concentre actuellement sur le resserrement. Des réductions sont particulièrement probables si les États-Unis s'affaiblissent en même temps que le Canada et que la Réserve fédérale pivote également. Quoi qu'il en soit, nous sommes loin du cycle habituel de réduction des taux d'intérêt en cas de récession, et les prévisions économiques doivent en tenir compte.

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Dominique Lapointe, CFA

Dominique Lapointe, CFA, 

Stratège, Macroéconomie mondiale, équipe Solutions multiactifs

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Frances Donald

Frances Donald, 

Économiste en chef, Monde et stratège

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