Ouvrir la voie à un retour des obligations

Les obligations peuvent enfin offrir aux investisseurs des rendements qui pourraient s’avérer intéressants après des années où leur proposition de valeur a été dictée par les politiques de taux d’intérêt nuls des banques centrales mondiales. Il est vrai que cette catégorie d’actif, source de revenus insignifiante depuis la crise financière mondiale, n’a pas été une réserve de valeur fiable à l’ère de l’après-COVID. Cependant, pour ce qui est de produire un revenu et de préserver le capital, les obligations offrent une valeur qu’on n’avait pas vue depuis plus d’une décennie.

Si vous avez confiance dans les banques centrales, vous pouvez avoir confiance dans les obligations

Bien que ce ne soit pas évident, les banques centrales ont jeté les bases de ce qui devrait être le redressement obligataire d’une génération. L’inflation a augmenté subitement, les banques centrales ont adopté une stratégie audacieuse pour en venir à bout et les obligations marquent le point zéro de cette guerre sans merci. Même si c’est pénible, l’inflation et la hausse des taux visant à la combattre ont un effet régénérateur cyclique sur les obligations. Pour en comprendre le mécanisme, les investisseurs doivent retourner au début des années 1980 – la dernière fois que les hausses de prix représentaient un problème économique majeur. Étant donné que le taux d’inflation avait dépassé 10 % (maximum atteint de presque 13 % en glissement annuel), les investisseurs avaient demandé des taux plus élevés pour compenser la baisse des rendements réels des obligations. Mais quand les pressions inflationnistes ont diminué dans les années suivantes, les rendements en ont fait autant, créant un contexte propice aux placements obligataires qui a duré presque 40 ans.

Le temps des rendements au plus bas n’est plus 

Depuis la crise financière mondiale, les banques centrales ont priorisé le soutien de la croissance économique et l’atténuation de la turbulence sur les marchés des capitaux par des taux d’intérêt extrêmement bas. Même si la production de revenu dans ce contexte s’est avérée minime (les obligations du gouvernement du Canada à 10 ans ont rapporté en moyenne 1,85 % de 2010 à 2019), on l’a tolérée : l’attraction gravitationnelle vers les taux nuls offrait des occasions suffisantes pour produire des rendements globaux intéressants. La thèse des taux d’intérêt nuls soutenant les placements obligataires a pour l’instant disparu. Ayant souffert de cet ajustement, les investisseurs ont maintenant de nouvelles raisons impérieuses d’investir en obligations, soit la production de revenu et la préservation du capital. Si les détenteurs d’obligations réussissent à maîtriser leurs impulsions à court terme, la hausse de taux entraînera des récompenses intéressantes à long terme. 

Lorsqu’on tient l’inflation en échec, les détenteurs d’obligations en profitent
Relation entre l’IPC et les obligations du Canada à 10 ans

Lorsque les pressions inflationnistes s'atténuent, les rendements des obligations baissent, ce qui crée un environnement favorisant les investissements dans les obligations.

Source : Gestion de placements Manuvie, données économiques de la Réserve fédérale au 4 octobre 2022.

Une proposition de valeur réévaluée

Affaiblies par les taux d’intérêt nuls des banques centrales pendant des années, les obligations sont sur le point de devenir un outil puissant dans les options des investisseurs. Pourquoi?

Eh bien, pour commencer, les investisseurs achètent des obligations pour deux raisons principales : la production de revenu et la préservation du capital. Les taux d’intérêt nuls ont obligé les investisseurs à opter pour des stratégies non conventionnelles relatives aux titres à revenu fixe afin de combler l’écart de rendement. Pour cette raison, les obligations ont été supprimées comme instrument de production de revenu. Mais cette partie de la proposition de valeur est enfin en train de s’améliorer.

·  Production de revenu – Pour voir comment les règles du jeu ont changé, les investisseurs n’ont qu’à examiner les obligations du gouvernement du Canada. Il y a exactement deux ans, ces titres rapportaient moins de 50 points de base (pb) – leur rendement le plus faible jamais enregistré. Au moment de la rédaction du présent article, ils rapportent près de 350 pb. Ajoutons les écarts de taux sur les titres de sociétés, beaucoup plus intéressants, et il n’y a pas de doute que les investisseurs obtiennent un meilleur rendement des titres à revenu fixe aujourd’hui.

·  Préservation du capital – Si les rendements n’ont pas été à la hauteur pendant toutes ces années, qu’est-ce qui a donc empêché les investisseurs de liquider leurs obligations? La réponse à cette question est simple : la préservation du capital. Les obligations sont structurées de manière à ce que les investisseurs obtiennent régulièrement des revenus d’intérêts et un remboursement de la totalité de leur capital à l’échéance. Tant que les marchés financiers demeureront volatils, cette partie de la proposition de valeur devrait rester intacte. Les obligations permettent de mieux diversifier le portefeuille et de le protéger en cas de repli de catégories d’actif plus risquées, comme les actions.

Les investisseurs risquent d’avoir du mal à laisser passer les rendements actuels 
Rendement des obligations du gouvernement du Canada à 10 ans au cours de la dernière décennie 

Graphique linéaire illustrant l'évolution des obligations du gouvernement du Canada à 10 ans au fil du temps. Les taux obligataires sont à leur plus haut niveau depuis 10 ans.

Sources : Gestion de placements Manuvie, données économiques de la Réserve fédérale au 4 octobre 2022.

Il faut surmonter quelques obstacles pour trouver le juste milieu concernant les obligations 

N’occultons pas la réalité – les cours obligataires baissent en général quand les taux d’intérêt montent. Mais comme nous l’avons vu à plus d’une occasion, la hausse des taux d’intérêt peut également nuire aux cours des actions à mesure que les investisseurs qui misaient sur un financement auparavant avantageux quittent le marché et que les entreprises qui comptent sur les capitaux à faible coût doivent réévaluer leurs options de financement.

Heureusement, les gestionnaires actifs peuvent amortir le choc de la hausse des taux d’intérêt en gérant les placements de toutes les catégories d’actif et de toutes les échéances. Les obligations ne se valent pas toutes, et certaines émissions sont plus sensibles aux fluctuations des taux d’intérêt que d’autres. Les obligations à court terme, par exemple, sont plus susceptibles d’être influencées directement par l’évolution des taux directeurs des banques centrales. Les obligations à long terme, en revanche, sont davantage arrimées aux attentes générales du marché et susceptibles d’être moins influencées par les politiques à court terme des banques centrales.

Prenez par exemple l’écart de taux entre les obligations du gouvernement du Canada à 2 ans et à 10 ans. Quand l’inflation évolue à la hausse, l’écart entre les échéances (ou la pente de la courbe de rendement) devient négatif, c’est-à-dire que les obligations à 2 ans rapportent plus que les obligations à 10 ans, et l’écart de rendement s’élargit considérablement. Cette dynamique laisse entendre que les obligations à court terme sont plus susceptibles d’être influencées par le durcissement des politiques des banques centrales que les obligations à long terme. Comme les attentes relatives aux taux d’intérêt et à l’inflation sont déjà intégrées dans les cours des obligations à long terme, les gestionnaires actifs peuvent atténuer l’incidence de la hausse des taux par une gestion active du positionnement sur la courbe.

Les obligations à long terme sont davantage arrimées à l’inflation et à la croissance
L’indice des prix à la consommation par rapport à l’écart de taux entre les obligations du gouvernement du Canada 

Graphique linéaire illustrant l'écart entre les obligations à 10 ans et à 2 ans et l'IPC canadien. Les obligations à long terme sont plus corrélées aux attentes générales du marché et moins influencées par la politique monétaire à court terme.

Sources : Gestion de placements Manuvie, Statistique Canada au 6 octobre 2022.

Les obligations peuvent maintenant sortir de l’ombre 

Les obligations ont traversé des moments très difficiles. Mais chaque chose en son temps, et nous estimons que c’est le moment pour les obligations de sortir de l’ombre.

La remontée des rendements renforce les arguments en faveur des obligations

Les rendements des obligations de sociétés et de gouvernements ont atteint des niveaux qu’on n’avait pas vus depuis 2009, et les titres à revenu fixe sont devenus une catégorie d’actif intéressante pour la première fois depuis des années. Les obligations de sociétés de première qualité, par exemple, dont le rendement était extrêmement bas en 2020, rapportent maintenant environ 5 %. C’est non seulement favorable du point de vue des revenus, mais aussi une occasion d’investir dans des obligations de première qualité qui s’échangent bien en deçà de leur valeur nominale..

L’allègement des pressions inflationnistes sera favorable

Le resserrement quantitatif sera certainement défavorable à l’inflation, tant au sud de la frontière qu’au Canada. Un ralentissement de la croissance économique, la chute des prix du pétrole, les baisses du marché de l’habitation et les améliorations dans les chaînes d’approvisionnement pourraient également ramener l’inflation à des taux plus raisonnables d’ici 2023. Ce scénario est indéniablement intéressant pour les obligations.

Les récessions sont généralement de bon augure pour les obligations 

Comme en témoigne l’inversion de la courbe de rendement, les marchés prévoient une croissance lente. Dans de tels contextes, les investisseurs se tournent généralement vers les obligations pour aider à atténuer les incidences économiques négatives. Même si elles ne sont pas sans risque, les obligations versent des intérêts réguliers et servent généralement de protection en cas de repli.

Les conditions sont-elles favorables à un redressement obligataire?

Les marchés obligataires sont sur le point de connaître un changement de paradigme. Pour bien le comprendre, il faut regarder la situation dans son ensemble, au-delà des incertitudes à court terme. Les banques centrales vont-elles éviter un atterrissage brutal? Que nous réservent les risques géopolitiques en Europe? Quelle que soit la source d’incertitude, le monde est en train de passer à une époque de taux d’intérêt plus élevés, du moins à court et à moyen terme. Or ce changement devrait favoriser les obligations.

La garantie que les obligations, par contrat, arriveront à échéance à leur valeur nominale (à moins d’un défaut de paiement) et qu’elles offriront le rendement longtemps réclamé est rassurante. Personne ne peut prédire ce qui nous attend, mais une chose est sûre : les obligations n’ont pas été aussi attrayantes depuis longtemps. Pour une catégorie d’actif qui a été aussi malmenée, nous estimons qu’il est difficile d’ignorer la proposition de valeur actuelle des obligations.

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Roshan Thiru, CFA

Roshan Thiru, CFA, 

Chef, Titres à revenu fixe canadiens

Gestion de placements Manuvie

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