Se préparer à la transition vers une économie faible en carbone

Bien qu’il soit clair que les changements climatiques touchent pratiquement tous les segments de l’économie, la vulnérabilité et les effets financiers diffèrent selon le secteur, la région et les mesures prises par les sociétés et les pays pour atténuer les risques et s’y adapter. Pour les investisseurs, il est essentiel de discerner ces différents niveaux de risque et d’en tenir compte lors de la constitution du portefeuille et de la surveillance permanente des risques.

La transition vers une économie mondiale faible en carbone entraînera des coûts et créera des occasions. Comprendre les risques financiers implicites de la transition est une nécessité fondamentale de l’investissement durable – et un objectif soutenu par le Groupe de travail sur l’information financière relative aux changements climatiques (GIFCC).

Selon le GIFCC, le passage à une économie faible en carbone nécessitera l’investissement de milliers de milliards de dollars et pourrait entraîner des changements importants sur le plan des politiques, des lois, de la technologie et des marchés pour atténuer les risques et s’adapter aux changements climatiques1. Selon la nature, la rapidité et l’orientation de ces changements, les risques liés à la transition peuvent à leur tour présenter divers risques financiers et risques pour la réputation des sociétés.

Mesurer le risque lié à la transition

Évaluer les risques liés au climat auxquels l’économie et les marchés sont exposés a fait l’objet de recherches intenses ces dernières années. La valeur exposée aux risques climatiques (Climate VaR) est un outil issu de ces recherches. Allié à la notion statistique plus standard de la valeur exposée aux risques, cet outil est conçu pour fournir une évaluation prospective fondée sur le rendement afin de mesurer les risques et les occasions liés au climat dans un portefeuille de placement2.

Il permet aux investisseurs d’estimer l’ampleur de la perte potentielle (ou du gain) d’une série de placements, dans les conditions normales du marché et sur une période d’environ 30 ans au cours de laquelle le coût associé à la réduction des émissions de carbone diminue jusqu’à devenir nul. Bien sûr, plus la hausse de la température est restrictive, plus la valeur exposée aux risques climatiques est importante, car le resserrement des limites d’émission entraîne des coûts plus élevés pour les entreprises en raison d’une réglementation plus stricte et de la mise en œuvre de politiques en matière d’émissions.

Afin de mieux comprendre l’incidence financière pour les investisseurs de la transition vers une économie faible en carbone, nous avons analysé la valeur exposée aux risques climatiques de l’indice MSCI Monde, qui comprend plus de 1 500 sociétés dans 23 pays de marchés développés. Un scénario de risque de transition courant établit la trajectoire des émissions compatible avec une augmentation de la température moyenne mondiale à 2 °C par rapport aux niveaux préindustriels. En utilisant ce scénario, nous avons évalué les défis et les occasions de l’ensemble des secteurs.

L’impact potentiel sur les actions mondiales (par secteur) d’une transition vers une économie faible en carbone

Le graphique montre la portée des éventuels risques et occasions liés aux changements climatiques, par secteur au sein de l’indice MSCI Monde, en utilisant la valeur exposée aux risques climatiques comme outil de mesure. Les pertes potentielles sont plus importantes pour les secteurs de l’énergie et des services publics, alors que les gains potentiels semblent plus importants ou plus probables pour les secteurs des semi-conducteurs et des logiciels et services.

Source: Rapport MSCI sur la valeur exposée aux risques climatiques utilisant les titres de l’indice MSCI Monde, en date du 30 avril 2021. À titre indicatif seulement.

Les résultats de cette analyse suggèrent que les sociétés du secteur de l’énergie de l’indice MSCI Monde sont exposées, en moyenne, à un risque de baisse de plus de 50 % dans un scénario de transition vers une hausse de la température de 2 °C. D’autre part, les secteurs comme les semi-conducteurs, les logiciels et services pourraient connaître une certaine hausse dans le même scénario, compte tenu du besoin croissant de produits soutenant la construction d’une infrastructure de réseau électrique « intelligent », de la croissance du marché des véhicules électriques et de la multiplication des technologies qui accompagneront la transition vers une économie à faible en carbone.

En général, les risques liés à la transition sont particulièrement pertinents pour les secteurs à forte intensité de ressources et dont les émissions de gaz à effet de serre sont élevées au sein de leur chaîne de valeur, et où les politiques, la technologie, les changements du marché visant la réduction des émissions et l’efficacité énergétique, les subventions, les taxes ou d’autres contraintes ou incitatifs peuvent avoir un effet particulièrement direct.

Résultat de l’analyse des risques liés à la transition

Cette analyse sectorielle doit être interprétée avec soin, mais l’information fournie peut être importante pour les investisseurs. Premièrement, elle fournit un aperçu du risque lié à la transition pour chaque secteur, selon différents scénarios climatiques, ce qui pourrait être utile pour la répartition sectorielle des stratégies de placement.

Deuxièmement, le modèle de base ne tient pas compte des méthodes d’atténuation et d’adaptation propres à chaque société, comme la capacité de transférer aux clients les coûts liés au climat, le contexte concurrentiel ou la participation à des projets de production d’énergie propre. De telles limites soulignent l’importance des activités d’engagement auprès des sociétés en matière de divulgation des renseignements sur le climat, ainsi que l’importance pour les investisseurs de comprendre ce que font les entreprises pour gérer les risques climatiques.

Exemples de mesures fortes prises par les entreprises pour lutter contre les changements climatiques

Un certain nombre de sociétés ont adopté des approches plus avancées pour réduire les émissions de carbone et répondre aux préoccupations des investisseurs. Bien que les pratiques traditionnelles, comme l’amélioration de l’efficacité énergétique et la sensibilisation des employés, demeurent très efficaces, d’autres exemples de mesures progressives méritent d’être soulignés :

Conseils d’administration compétents en matière climatique : Les changements climatiques, en tant que risque important pour l’entreprise, devraient être abordés de la même façon que les autres risques importants par le conseil d’administration. Certaines sociétés ont un comité ESG pour discuter à volonté des risques ESG importants, y compris les changements climatiques.

Adoption de cibles fondées sur des données scientifiques : Bien qu’il soit courant pour les entreprises de se fixer des objectifs de réduction des émissions de carbone, fixer des objectifs conformes à ce qui, selon les dernières données scientifiques sur le climat, est nécessaire pour atteindre les objectifs de l’Accord de Paris témoignerait d’un plus grand engagement et pourrait renforcer la confiance des investisseurs. En 2017, par exemple, l’un des plus grands détaillants du monde s’est fixé un objectif fondé sur des données scientifiques afin de réduire ses émissions de carbone de 60 % d’ici 2025, en utilisant 2015 comme année de référence.

Établir un prix interne du carbone : En réaction à l’évolution de la réglementation et de la dynamique du marché, la tarification interne du carbone est devenue un outil qui aide les entreprises à évaluer les risques et les occasions liés au climat. Une société française de services publics a utilisé un prix interne du carbone dans son processus d’affectation des capitaux. Dans le cadre de l’un de ses projets, le prix du carbone a aidé la société à gérer les répercussions d’un projet de loi sur une taxe sur le carbone en Angleterre, ce qui l’a amenée à prioriser les investissements qui lui permettraient de réduire sa consommation d’énergie.

Investir dans de nouvelles technologies : Certaines sociétés investissent dans des technologies existantes pour améliorer leur efficacité énergétique, mais les chefs de file vont au-delà en mettant au point de nouvelles technologies pour lutter contre les changements climatiques. Les nouvelles technologies peuvent cibler la réduction des émissions de carbone dans les activités de l’entreprise ou le développement de nouveaux produits ou services pour d’autres. Par exemple, de nombreux scientifiques soutiennent que le captage et le stockage du carbone sont essentiels pour limiter l’augmentation de la température mondiale à moins de 2 °C3, et certaines sociétés du secteur de l’exploration et de la production pétrolières utilisent déjà cette technologie. Une autre société, un conglomérat indien, teste également des piles à hydrogène sans émissions, dans le but de rendre la société carboneutre d’ici 2035.

Exploration de formes novatrices de financement : Certaines sociétés profitent de la demande croissante de financement vert et d’investissement d’impact en émettant des obligations vertes pour financer des projets liés au climat. Par exemple, une grande banque chinoise a émis deux séries d’obligations vertes pour un montant total de 1,2 milliard de dollars américains afin de soutenir les efforts de la banque visant à atténuer les effets des changements climatiques. L’émission de ces obligations avait pour but le financement de projets admissibles en vertu des Green Bonds Principles and Climate Bonds Standards.

Suivre des pratiques exemplaires en matière de divulgation et de production de rapports : Les investisseurs se fient à des renseignements financiers pertinents et cohérents sur les risques et les occasions liés au climat pour prendre des décisions d’investissement. La standardisation de ces renseignements est un objectif du GIFCC. L’une des exigences établies par le GIFCC comprend l’analyse de scénarios, afin d’encourager les sociétés à estimer les répercussions financières sur leurs activités de la transition vers une économie plus faible en carbone. Les sociétés qui se conforment au cadre du GIFCC peuvent aider les investisseurs à évaluer plus précisément cette incidence.

Conclusion : évaluez les risques et les occasions liés à la transition vers une émission faible en carbone

Guerres, récessions et pandémies sont des événements qui ont causé de graves difficultés économiques, mais ces crises peuvent aussi donner lieu à de nombreuses occasions économiques et sociales. Notre réponse collective aux changements climatiques pourrait mener à des résultats semblables.

À cet égard, c’est une bonne chose que les changements climatiques continuent d’être une priorité pour les gouvernements qui cherchent à renforcer leur résilience économique, le soutien au développement de l’énergie verte et des infrastructures écologiques ainsi que l’engagement à atteindre la carboneutralité étant très présents dans l’actualité à l’ère de l’après-COVID-194. Selon nous, les efforts déployés pour respecter ces engagements devraient accélérer la transition vers une économie faible en carbone. Pendant cette période de changement, il y aura des gagnants et des perdants. Certains secteurs tireront profit des solutions offertes pour lutter contre les changements climatiques. D’autres secteurs feront face à une réglementation plus stricte, au risque lié aux actifs désuets, à une baisse de la demande de produits et de services et à l’évolution des préférences des clients.

En tant que gestionnaires d’actifs et investisseurs à long terme, nous cherchons à gérer le risque lié aux changements climatiques dans le cadre de nos investissements et à tirer profit des occasions de contribuer à la transition vers une économie faible en carbone. Il s’agit d’une tâche en constante évolution. Par conséquent, nous croyons qu’il faudra une collaboration entre les différents intervenants et de l’innovation dans la recherche et la gestion des facteurs ESG afin de soutenir les entreprises qui tentent de prospérer dans la future économie faible en carbone.

 

Une crise généralisée dans le secteur de la santé, comme une pandémie mondiale, pourrait entraîner une forte volatilité des marchés, la suspension et la fermeture des opérations de change, et affecter le rendement du portefeuille. Le nouveau coronavirus (COVID-19) perturbe ainsi considérablement les activités commerciales à l’échelle mondiale. Une crise sanitaire ainsi que des épidémies et pandémies futures pourraient avoir, sur l’économie mondiale, des répercussions qui ne sont pas nécessairement prévisibles à l’heure actuelle. Une crise sanitaire peut exacerber d’autres risques préexistants, qu’ils soient politiques, sociaux ou économiques. Cela pourrait nuire au rendement du portefeuille, ce qui entraînerait des pertes sur votre placement. 

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